Dans les publications sur le haut potentiel, je vois de plus en plus de pourcentages et de chiffres utilisés pour décrire les comportements “des personnes surdouées” de manière générale.
En message privé, on me demande souvent le taux de prévalence des enfants à haut potentiel au sein de la population, on me demande si la proportion augmente. On me demande aussi “est-ce que les surdoués vont bien ?”, “Est-ce qu’ils sont plus anxieux ?” ou s’il y a un lien de causalité entre le haut potentiel et la survenue de maladie auto-immunes.
Parfois, on me reproche aussi d’aborder certains sujets qui ne concernent pas tous les surdoués, ni la majorité.
Vous l’avez compris, on va parler dans cet article de statistiques et de haut potentiel ! Je trouve en effet qu’on leur accorde parfois trop d’importance, ou qu’à l’inverse on les ignore. Vous me connaissez, j’aime le juste milieu, la nuance, et j’avais bien envie de réfléchir aux statistiques du haut potentiel et à leur utilité.
A quoi servent les statistiques sur le haut potentiel ?
Les statistiques servent à la recherche sur le haut potentiel
La recherche a besoin des statistiques pour valider la signification de résultats obtenus par les expériences et les études. Elles permettent de se positionner à bonne distance de la subjectivité. Les statistiques et études sur le haut potentiel permettent d’étudier une population ou des petits groupes, de repérer des tendances, d’émettre des hypothèses, de développer des programmes d’accompagnement, etc.
Elles sont utiles pour comprendre, et mettre en place des actions pour aider, accompagner ou prévenir.
Les statistiques servent aux parents dont l’enfant vient d’être détecté HPI
Quand on découvre le monde du haut potentiel, on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Qu’est-ce que ça veut dire, au juste, être surdoué ? Quel sera l’impact ? C’est humain de s’inquiéter de l’impact de cette nouvelle donnée, de se poser des questions sur l’avenir de son enfant HPI, ou de soi-même. Certains titres de livres ou témoignages peuvent d’ailleurs inquiéter. Est-ce que mon enfant surdoué est voué à être en difficulté ? Est-ce qu’il sera mis à l’écart ? Inadapté ? Je viens d’être identifié HPI, est-ce que je serai forcément malheureux ? (spoiler alert : non pas du tout !)
Les statistiques sur le haut potentiel permettent alors de rassurer les parents. Et les personnes concernées.
Les études sur le haut potentiel intellectuel de façon générale concluent en effet que celui-ci a un impact plutôt positif que négatif. Les personnes surdouées ont globalement une meilleure satisfaction personnelle, moins d’anxiété, et de meilleurs résultats scolaires. Voilà de quoi rassurer les parents. La majorité des personnes surdouées va bien.
Mais attention. Si elles servent à rassurer, elles ne doivent pas minimiser un ressenti.
Les statistiques pour rassurer mais pas pour invalider une expérience.
Si elles rassurent sur la tendance, les statistiques ne doivent pas servir à minimiser ce que ressent une personne. Ce n’est pas parce que la majorité va bien, que toutes les personnes surdouées vont bien.
Et celles qui sont en difficulté doivent être entendues et avoir leur place.
Bien sûr il ne s’agit pas de faire de la sur-attribution en expliquant toutes les difficultés par le haut potentiel.
Mais il s’agit de les considérer, de les accompagner, et de parler d’elles, aussi.
De ne pas les invisibiliser sous prétexte que la tendance générale va dans l’autre sens.
Par exemple, y a t-il statistiquement plus de personnes surdouées en difficulté ?
Non, statistiquement, les personnes à haut potentiel ne sont pas plus en difficulté que les autres, au contraire. Les études semblent plutôt montrer une corrélation entre le quotient intellectuel et la satisfaction personnelle ou la réussite scolaire. Mais il y en a, des personnes surdouées en difficulté, et elles ont besoin d’aide.
Identifier leur haut potentiel leur apporte des ressources. Cette particularité n’est pas la cause de leur problème, mais peut les aider à aller mieux. Pour moi, c’est très important de parler des personnes surdouées qui ne vont pas bien, sans généraliser leur cas à l’intégralité de la population surdouée. Ces personnes sont d’ailleurs peut-être majoritaires sur ce blog, puisqu’on vient y chercher des pistes, des réponses. Et c’est OK.
On peut tout à fait se rassurer grâce aux statistiques, sans invalider les expériences individuelles.
Le danger des chiffres et l’importance du contexte
Savoir de quoi on parle
Quand on lit des chiffres, des proportions, des pourcentages, on ne sait pas toujours de quoi on parle. Ce n’est pas toujours très clair.
J’ai vu récemment un compte Instagram présenter les résultats d’un sondage de façon ambiguë. On y faisait un lien entre le haut potentiel et des troubles psychiques, sur la base d’un sondage réalisé au sein de sa communauté. On peut donc seulement conclure que XX% des personnes ayant répondu au sondage ont affirmé avoir un haut potentiel et des troubles psychiques. Mais on ne peut pas vraiment conclure autre chose, ni dresser de tendance.
Cet exemple était un peu extrême, mais même dans les études avec méthode, on peut avoir des biais. Une étude effectuée sur des personnes qui ont ressenti le besoin de consulter et qui ont été identifiées surdouées est biaisée. Une étude dont l’échantillon se base sur des élèves faisant partie d’un programme spécifique “gifted” est forcément biaisée.
À ce propos, Catherine Cimon-Paquet, doctorante en psychologie et créatrice du compte @douance.science expliquait très justement l’importance de considérer l’environnement dans le développement humain, et en particulier son impact sur le développement des personnes surdouées. Le contexte est toujours crucial, et les manifestations de la douance diffèrent peut-être selon l’environnement.
Ainsi, une personne surdouée qui grandit autour de gens comme elle, avec un environnement stimulant et compréhensif, ne se sentira peut-être jamais en décalage, ne sera peut-être même jamais identifiée surdouée, tandis qu’une personne évoluant dans un environnement très différent peut développer des difficultés liées à une mise à l’écart et un camouflage de ses capacités.
Le problème du consensus autour de la définition de “surdoué”
Je voulais vous partager, pour une fois, quelques chiffres sur le haut potentiel. Et puis je me suis heurtée à la problématique du consensus autour de la définition de “surdoué”.
Si on prend comme définition du haut potentiel intellectuel un QI supérieur à 130, il y aurait alors 2,3% de la population concernée par le haut potentiel.
Mais certains scientifiques plaident pour une définition plus large de la douance. Celle-ci diffère également selon les pays, et selon les écoles de pensée.
Il est parfois difficile de savoir de quoi on parle exactement quand on parle de “surdoué”, comme le mentionne Carol A. Carman dans “Comparing apples and oranges. Fifteen years of definition of giftedness in research”, et le pourcentage de personnes surdouées dépend de la définition que l’on choisit.
Ma décision pour le blog
Du coup, pour éviter toute confusion, j’ai pris le parti de ne jamais utiliser de chiffres ou de pourcentage sur ce blog ou dans mes publications et illustrations. Le risque que ceux-ci soient repris et sortis de leur contexte, ce qui en modifierait toute l’interprétation et la justesse, est trop élevé.
Et puis comme il s’agit d’un blog qui parle des gens, des humains derrière les zèbres, je n’en vois pas l’intérêt.
Je suis en train de créer une page ressources, sur laquelle vous pourrez trouver toutes les publications scientifiques et études sur le haut potentiel. Ici, je me concentre sur les gens, dans toute leur complexité et leur diversité qui me fascinent tant. Parce que derrière les statistiques, il y a les individus ! C’est pour cela que je me suis entretenue avec des zèbres de tous les âges et tous les profils pour Rayures et Ratures 2.
Une statistique n’est pas une généralité
Pour moi, les statistiques sur le haut potentiel ne sont pas utiles quand on s’intéresse à l’individu en tant que tel, aux personnes dans toute leur complexité.
Tout est toujours multifactoriel. Certaines personnes surdouées vont bien, d’autres non. Certaines ont une grande sensibilité, d’autres non. Certaines sont brillantes et heureuses, d’autres non. Certaines ont besoin de consulter, d’autres non. Certaines ont fait l’expérience de relations toxiques avec des pervers narcissiques, d’autres non. Certaines sont dyslexiques, d’autres non. Certaines ont gagné un prix Nobel, d’autres non. Y a t-il un lien entre tout cela ? Non. Et peu importe en fait.
Si une personne détectée haut potentiel a quelque chose, et envie d’en parler, j’ai envie de l’écouter. Sans faire de lien avec la douance s’il n’y a pas d’étude pour l’appuyer. Juste pour parler d’elle !
Même s’il n’y a pas de lien de causalité, même s’il n’y a pas de tendance majoritaire, même si c’est un cas isolé, ces personnes existent, et c’est pour elles que j’écris sur ce blog. Car s’il y en a seulement deux au monde, si la deuxième tombe sur mon article qui parle de la première, elle se sentira moins seule. Et peut-être que ça l’aidera.
Alors pour répondre aux personnes qui me reprochent de parler de HPI et TSA, ou de HPI et troubles DYS (bientôt sur le blog), oui, je continuerai à parler de ces personnes surdouées en tant que personnes, même quand leur vie est éloignée de la tendance statistique. Et je continuerai aussi à lire des études sur le haut potentiel, parce que c’est super intéressant et utile pour comprendre !
Je vous dis à bientôt pour un nouvel article ! Au programme prochainement : « canaliser ses pensées » et « le haut potentiel émotionnel? ». En attendant, si mon travail de vulgarisation et mes articles vous plaisent, n’hésitez pas à découvrir les livres illustrés, cela me permet de continuer à publier bénévolement et sans publicité sur le blog !
18 Commentaires
Merci pour ce nouvel article, à mon sens hyper pertinent. Et qui fait du bien.
Merci beaucoup 🙂
Merci pour ce nouvel article, à mon sens très pertinent. Et qui fait du bien.
Bonjour Chloe (avec un h ?)
Comme d’habitude, j’adore ta nuance et ton appréciation du multifactoriel. On se ressemble beaucoup sur ce point. Et j’aime toujours ramener ce fameux » oui mais peut être que ? » ou bien « as-tu pensé à cette éventualité ? ».
Tout comme toi je prone l’importance de l’expérience individuelle puisqu’elle est unique et quelque part inaccessible et non mesurable.
Toutefois, ( mon fameux oui mais), j’ai peut être une vision un peu plus militante pour ce coup là, puisque bon nombre de personnes HPI et/ou hautement sensibles autour de moi souffrent d’une société qui n’est pas en accord avec leur sensibilité.
Alors bien sûr, il y a des moyens de s’en sortir et de trouver une forme de bonheur ou satisfaction par le développement personnel, et l’exploitation de nos particularités ou autre chose…
Mais je pense que pour cela, reconnaître l’existence de liens de causalité entre les choses est essentiel. Grâce à ces liens, j’ai enfin compris les failles des relations interpersonnelles autour de moi et en moi.
Selon moi, la haute sensibilité a un fort impact sur l’individu et nier que cet impact (possiblement) existe sur une plus grande échelle ( pas seulement individuelle), c’est ne pas remettre en question certaines défaillances du système qui vont à l’encontre d’un groupe d’individus.
Je ne sais pas si je suis claire : globaliser une tendance permet aussi de la mettre en avant, de la comprendre, de la résoudre. Et dire « qu’importe s’il y a un lien de causalité » me semble problématique.
Enfin, je me demande si les études qui portent sur les surdoués plus heureux ne sont pas elles aussi biaisées puisque les surdoués sont déjà dépistés ( on ne prend pas en compte ceux qui n’ont jamais été dépistés) Mais comme tu l’as dit, une étude ne suffit jamais à représenter l’intégralité d’une réalité.
Sinon article au top
Merci!
Merci beaucoup ! Je partage ton avis dans le sens où reconnaître l’existence de liens de causalité entre les choses est essentiel, mais je fais attention quand je parle publiquement sur le blog ou les réseaux à émettre des hypothèses et pas généraliser non plus quand ce n’est pas appuyé par les études 🙂 Mais je laisse bien sûr la porte ouverte, et dans ma tête, des liens existent. En ce qui concerne les études, je te conseille de regarder le travail de Catherine Cimon-Paquet, qui explique justement l’importance de prendre en considération l’environnement dans les études sur la douance, car effectivement faire une étude sur « les surdoués sont-ils plus heureux » en n’intégrant que la variable de l’intelligence, et du dépistage effectué, c’est limitant. Je trouve tout cela passionnant 🙂
Bonjour,
Ne serait-il pas intéressant de produire des statistiques concernant la scolarité des élèves à haut potentiel afin d’objectiver leur réussite et leurs difficultés (décalage, ennui, méthodologie de travail, rapport à leurs pairs, aux professeurs….) ?
Il n’est plus possible de lire que tout va bien (élèves brillants) et que tout va mal (élèves décrocheurs). L’approche binaire largement développée n’aide pas à comprendre la réalité avec plus de finesse. Les statistiques y aideraient avec plus d’objectivité. Merci
J’ai l’impression qu’il y aurait tellement de biais pour pouvoir produire ces statistiques (puisqu’il faudrait que toutes les personnes soient testées pour qu’on sache qui est à haut potentiel, et que ce ne soit pas seulement justement les très bons élèves repérables, ou les élèves avec des troubles qui consultent et donc sont identifiés). Mais si quelqu’un veut s’y coller, je suis preneuse 🙂
« Tout est toujours multifactoriel »
Tout est dit.
🙂 🙂
Salut, je viens de découvrir le blog donc je suis super contente d’y voir un nouvel article
c’est tout 🙂
Bienvenue alors 🙂 Et bonne lecture 🙂
Bonsoir Chloé, article très intéressant et original ! L’équilibre entre les résultats statistiques tirés d’études et les expériences individuelles qui s’en éloignent parfois ne semble pas facile à trouver quand on fait comme toi de la vulgarisation sur la douance, mais comme tjrs, je trouve ta position très juste. Et cela fait plaisir de te voir défendre tranquillement mais fermement ton parti pris sur la question!
Il me tarde de découvrir tes références scientifiques
Merci beaucoup Elis ! Les pages de références arrivent prochainement 🙂
Oh, je vois que tu as investigué sur les liens entre HPI et TSA et que tu t’apprêtes à écrire là-dessus, MERCI ! Si tu cherches des témoignages, tu trouveras pas mal de personnes concernées par ces deux fonctionnements neuro-atypiques (et autant de profils déclinables à l’infini) sur le forum du site Asperansa (peut-être le connais-tu déjà)
Et à propos de la combinaison HPI/TSA, il y a aussi le site (en construction) des Papillons bleus zébrés.
Désolée si j’enfonce des portes ouvertes et si tu es déjà au courant de tout cela !
Re-bonjour Chloé,
Je ne sais pas si je fais bien de t’écrire ce qui va suivre ici, ou s’il ne serait pas plus judicieux de t’envoyer un message sur ta boîte mail… Je voulais simplement savoir si tu avais prévu de faire des recherches et de publier sur les HPI souffrant de dépression (même si, à en croire Franck Ramus, comme les HPI avec des troubles DYS- et les HPI avec un TSA, ils ne sont pas majoritaires) ; car si à vrai dire, dans mon cas, l’hypothèse d’un TSA reste pour l’instant une hypothèse (et il me faut patienter deux ans avant une évaluation diagnostique en Centre Expert, ou trouver un professionnel en libéral – ils ne sont pas légion… – et débourser en moyenne entre 500 et 1000 € pour réduire le délai d’attente de plusieurs années à quelques mois… ), il est évident que je souffre de dépression chronique (« dysthymie » dans l’ancien DSM) depuis l’enfance, qui avec le temps s’est doublée ponctuellement d’épisodes dépressifs majeurs (je crois que l’on parle dans ce cas de « double dépression »), au point où à 30 ans maintenant, à la suite d’un gros choc émotionnel (le seau d’eau qui a fait déborder le puits), je suis encore dans un cycle infernal d’hospitalisations depuis plus d’un an, avec rechutes systématiques à chaque sortie (le maximum que j’ai tenu à l’extérieur de l’hôpital, c’est un mois, et encore, ma mère a été avec moi pendant deux semaines, et cela s’est terminé par une tentative de suicide 🙁 )… et je me sens extrêmement seule dans cette situation, d’autant que mon entourage, et surtout les soignants me disent (je n’ai jamais parlé à ces derniers du HPI, je n’ai d’ailleurs pas été détectée car la psychiatre qui m’avait dit que j’étais selon toute vraisemblance concernée m’avait expliqué que dans le cas d’une dépression, passer les tests n’était pas conseillé) : « vous êtes une personne extrêmement intelligente, vous avez tout pour vous en sortir »… Sauf que j’attends toujours qu’on m’explique en quoi l’intelligence est d’une quelconque aide face à la maladie mentale ; il me semble plutôt que ce serait un facteur aggravant, dans la mesure où l’on est davantage lucide sur ce qui ne va pas, où l’hypersensibilité souvent associée au HPI rend tout plus douloureux et fait de nous des personnes plus vulnérables, et où la dépression découle en grande partie d’une perte de sens, laquelle est vitale pour un HPI ; et il faut ajouter à cela que l’on a conscience que la maladie mentale nous limite terriblement dans le déploiement de notre potentiel (j’en ai pleinement pris conscience à la lecture de « Rayures et Ratures, Pour la vie » : à 30 ans, les HPI qui témoignent ont une situation, parfois une famille… pas moi 🙁 Je suis brutalement stoppée dans la fleur de l’âge, incapable de m’insérer dans la société, et de m’y projeter : ce monde me semble trop violent, trop injuste, j’ai la sensation, depuis toujours ou presque, et presque tout le temps, de ne pas être faite pour vivre sur cette terre… 🙁 ).
Bref, je serais curieuse – et heureuse – de lire des témoignages de HPI (détectés, pas comme moi – après tout, tant que je n’ai pas fait de bilan psychométrique, je ne peux être sûre de rien, peut-être que j’ai simplement une intelligence « moyenne + » doublée d’une hypersensibilité et d’un passé douloureux) ayant fait l’expérience de la dépression, de l’hôpital psychiatrique… et qui, j’ose croire que cela est possible, s’en sont sortis, d’une manière ou d’une autre (soit qu’ils se soient complètement et véritablement sortis de la dépression, soit qu’ils aient réussi à vivre avec – avec le deuil de certaines choses que cela implique inévitablement, et qui est difficile à faire quand on a seulement 30 ans…)
D’avance, un grand merci
N. B. : les troubles anxieux-dépressifs et le TSA ne s’excluent pas, l’anxiété et la dépression sont même des comorbidités très fréquentes du TSA, mais puisque tu as manifestement investigué sur le sujet, je suppose que tu sais déjà tout cela
Bonjour Eulalie ! Les HPI ne sont effectivement pas majoritaires à souffrir de dépression ni à avoir des troubles DYS ou autres, mais cela n’empêche pas qu’il y en a, et que c’est important de les aider. Pour l’instant j’ai beaucoup trop d’articles en cours d’écriture et pas encore le temps de tout publier (j’ai du mal à me concentrer pour avancer aussi efficacement que je voudrais), mais ça viendra. Le sujet de la dépression chez les personnes à haut potentiel, et en particulier comment le HPI peut les aider à s’en sortir, ça m’intéresse énormément. Je trouve ça difficile de s’entendre dire « vous êtes intelligente vous avez tout pour vous en sortir », sans t’expliquer comment… Je trouve ça même très culpabilisant en fait, parce qu’on dirait que si « on ne s’en sort pas », c’est que c’est de notre faute du coup. Et ça n’aide pas à sortir de cette maladie psychique… (Sur mon compte @chloeinvisible, je traiterai prochainement de la différence de traitement/jugement des maladies psychiques vs maladies physiques et de la tendance qu’on certaines personnes à penser et affirmer que la maladie psychique est une question de volonté, et qu’en « pensant positif » on ira mieux).
Pour revenir au sujet principal, je peux seulement te donner mon témoignage. J’ai souffert de dépression à trois moments de ma vie (dont un en ce moment), avec hospitalisation pendant un mois les deux premières fois. Il ne s’agissait cependant pas de dépression chronique mais d’épisodes dépressifs liés à de gros chocs/événements traumatiques dans ma vie (et rien à voir avec le HPI). A l’époque, je ne connaissais pas mon fonctionnement cognitif, et on m’avait aussi dit « vous êtes intelligente vous réussirez à avancer ». Je ne voyais pas comment, et j’ai mis très longtemps à m’en sortir, avec plusieurs rechutes et réhospitalisations. Aujourd’hui, je suis à nouveau dans cette situation après plusieurs chocs successifs, mais cette fois-ci je connais mon fonctionnement et cela m’a évité l’hospitalisation. Ce qui m’aide, pour te répondre concrètement, c’est d’être très lucide sur ce que je ressens, de reconnaître mes émotions, d’analyser mes réactions, mes incapacités. Comme si avant, j’avançais avec des oeilleres en refusant de voir les problèmes tandis que maintenant j’en suis consciente très tôt et je sais aller demander de l’aide avant que ça s’aggrave. Je ne sais pas si ça fait sens, mais c’est ma petite contribution à ce vaste sujet !
Si tu souhaites en discuter plus longuement n’hésite pas à m’écrire sur mon email, j’ai un peu de retard de réponse vu le volume de messages (et je priorise ma santé mentale du coup, donc je suis moins présente), mais je répondrai 🙂
Bon courage,
Chloé
Je te remercie chaleureusement Chloé pour ce retour ; je t’ai répondu par mail, car sur un tel sujet, où on est inévitablement amené à parler de choses assez personnelles, même sans entrer dans les détails, cela m’a semblé plus approprié.
J’en profite cependant pour poser ici une autre question, qui me taraude depuis un moment, et dont, me semble-t-il, la réponse pourrait intéresser d’autres personnes : je crois que tu as fait allusion quelque part (je n’ai pas retrouvé où), dans ton premier « Rayures et Ratures », au besoin de solitude des HPI, qui serait éventuellement plus important que la moyenne. Mais il ne s’agit justement que d’une allusion, et d’ailleurs, j’ai beau avoir tapé tous les mots-clefs possibles et imaginables sur Google (car j’ai moi-même un besoin de silence et de solitude démesuré, d’où l’hypothèse de l’autisme), je n’ai rien trouvé de clair là-dessus, si ce n’est que les HPI souffriraient d’une solitude engendrée par leur différence (nulle part, je n’ai lu qu’ils auraient besoin de davantage de solitude que les autres pour se ressourcer). Je connais d’ailleurs au moins une personne HPI, et bien plus douée que moi, qui au contraire a besoin de beaucoup de stimulations sociales, et n’apprécie pas particulièrement la solitude… Qu’en est-il donc… ?