Je lis beaucoup d’articles très critiques sur la série TF1 HPI. Certains propos venant de personnes elles-mêmes HPI sont très virulents. Et je peux comprendre cette réaction. Quand on a fait un long chemin de découverte puis d’acceptation de son haut potentiel, et qu’on découvre une série grand public qui surfe sur la thématique, ça peut être agaçant.
Mais comme d’habitude, j’ai un avis beaucoup plus nuancé !
Pourquoi, en tant que HPI, je ne suis pas aussi négative sur la série HPI ?
Quel est le seul élément de cette série qui me choque vraiment ?
Est-ce que la série TF1 parle du HPI ?
Le personnage principal, c’est Morgane, une trentenaire extravertie, pétillante et qui aime les couleurs (et les imprimés léopard). Elle a 38 ans, et gère comme elle peut sa vie, entre ses enfants et son travail de femme de ménage. Elle a de grandes capacités intellectuelles, et une personnalité bien trempée. Son raisonnement peu commun est remarqué par hasard par la police, qui la catapulte consultante du jour au lendemain, et un peu malgré elle. Sauf que les relations ne seront pas évidentes entre une institution très cadrée et rationnelle et un personnage principal créatif et intuitif qui a du mal avec l’autorité. Voilà pour le synopsis.
En bref, c’est une série policière. Une comédie familiale et populaire. Ce n’est pas un documentaire, pas un reportage, pas un film de sensibilisation sur le haut potentiel intellectuel.
C’est une série comique, une fiction policière. Et c’est tout.
Le HPI, c’est simplement l’une des caractéristiques du personnage principal. Morgane est HPI. Elle est aussi excentrique, extravertie, dynamique, a de multiples qualités, défauts, caractéristiques et facettes de sa personnalité. Elle a son histoire, ses relations, son contexte familial. Morgane est haut potentiel, certes, mais pas que. Elle est un tout. Comme tout le monde en fait.
Est-ce que tous les HPI ressemblent à Morgane ?
Non ! Tous les HPI ne sont pas comme elle. Ils partagent une caractéristique, un fonctionnement cognitif avec elle. Mais c’est tout. Être HPI, ce n’est pas nécessairement être comme le personnage de Morgane. Elle n’est pas là pour incarner toutes les personnes qui ont un haut potentiel.
Le HPI se manifeste différemment chez chacun. On peut évidemment citer des caractéristiques principales, dont la rapidité cognitive, la réception et le traitement de beaucoup d’informations, le besoin vital de sens, la curiosité, etc.
Mais ces caractéristiques se combinent différemment chez chacun, et se mêlent avec l’histoire, le vécu, l’expérience, l’environnement, le tempérament.
C’est pour cela qu’on a autant d’articles “Ma vie ne ressemble pas à celle du personnage de la série”. C’est normal. Chaque personne est différente. Un article d’un magazine people a même été publié l’an dernier à ce sujet, me présentant comme “une HP bien loin du sympathique personnage de la série”. Pourtant je vous assure que je suis sympa moi aussi ahah !
Pour autant, certaines personnes se reconnaissent et s’identifient pleinement au personnage ! Il y a des HPI qui ressemblent beaucoup à Morgane. Si si, je vous assure. C’est pour cette raison que je trouve les critiques un peu dures. J’en connais 3, trois lectrices de Rayures et Ratures, au parcours de vie fascinant, et à la personnalité qui résonne drôlement avec celle de Morgane. Elles sont HPI. Elles sont aussi excentriques, ont le sens du détail, un style vestimentaire original, des réactions piquantes, et même pour l’une d’entre elles, un parcours professionnel étrangement similaire avec un passage dans la police et le même retour d’expérience quant à l’autorité. Un jour, j’aimerais illustrer leur témoignage comme je l’avais fait pour Maryvonne, surdouée de 68 ans.
On peut aussi s’identifier au personnage sans être haut potentiel. Dans son côté décalé, et toutes les autres facettes de sa personnalité. Les scénaristes créent des personnages auxquels on peut s’attacher, s’identifier facilement, même si notre vie est bien éloignée de la leur. Le personnage de Morgane, par sa caricature de l’excentrique, vient titiller, à mon sens, toutes les personnes atypiques qui sont agacées par le côté très normé de notre société.
En bref, on ne peut pas faire de généralité à partir d’un personnage de série qui a un haut potentiel intellectuel. Morgane ne représente personne d’autre que Morgane. Et il est bien là, le problème de la série…
Le seul élément qui me choque dans la série HPI.
Ce qui me choque, en fait, c’est… son titre.
Le reste, pour moi, c’est une question de goût sur une série télévisée, sur la construction ou l’évolution des personnages et d’une intrigue.
Je trouve que le titre instrumentalise le concept de haut potentiel, qui est souvent moqué, et mal compris. Les critiques des personnes HPI qui ont vu la série, je les comprends. Les personnes concernées sont agacées par la sur-médiatisation, et l’association de leur fonctionnement à une personne en particulier.
Le risque, c’est la généralisation. C’est que les téléspectateurs pensent que tous les HPI sont comme elle. Excentriques, incapables de tolérer l’autorité, arrogants parfois, etc.
Ils auraient pu appeler la série Morgane, mais c’est moins vendeur.
Une caractéristique en titre, ça fait comme une étiquette.
Ça réduit le personnage à l’une de ses facettes. On peut alors facilement penser que tous les HPI sont comme Morgane dans la série. Cela crée de nouveaux préjugés sur le sujet, ou renforce les clichés quand on ne se renseigne pas par ailleurs. La série caricature, et c’est bien normal puisque c’est une série, une fiction, mais cela peut amener des petites réflexions désagréables envers les personnes concernées par le HPI.
Non, rien à voir.
Si vous voulez savoir ce qu’est le haut potentiel, au-delà des clichés, et dans toute sa diversité, vous trouverez deux livres ludiques et accessibles ici.
Et le point positif de la série alors ?
Parmi les dix millions de téléspectateurs, peut-être qu’une personne s’est retrouvée dans le côté décalé de Morgane. Peut-être que ça lui a ouvert une piste pour comprendre son sentiment de différence. Elle était peut-être surdouée, peut-être pas. Mais elle a pu entamer une thérapie pour comprendre ses souffrances, et avancer.
Peut-être aussi que des téléspectateurs se sont intéressés au sujet du haut potentiel et ont eu envie d’en savoir plus. Ils ont regardé les épisodes pour se divertir, et maintenant ils veulent savoir ce qui se cache derrière le HPI.
En tant qu’éternelle optimiste, c’est ce que j’ai envie de retenir. La possibilité qu’une seule personne en apprenne davantage sur elle ou sur un proche grâce aux questionnements qui ont découlé du visionnage de la série. Qu’elle comprenne, ou prenne conscience de ses ressources, et soit plus épanouie.
À retenir :
- Le personnage principal de la série, Morgane, est HPI, mais pas que !
- Toutes les personnes HPI ne ressemblent pas à Morgane.
- Mais certaines personnes surdouées s’identifient pleinement dans ce personnage.
- C’est une série policière, une fiction populaire, pas un documentaire sur le haut potentiel.
- Comme dans beaucoup de séries, les scénaristes caricaturent les personnages, poussent les caractéristiques à l’extrême. Ça fait partie du jeu, c’est de la fiction.
- Le seul problème de la série, pour moi, c’est le titre. Il nous pousse à croire que la série est centrée sur le haut potentiel.
- Et le point positif, c’est qu’il permet à des personnes qui se reconnaissent dans l’atypie du personnage de se renseigner. Elles consultent, et en apprennent davantage sur le haut potentiel et sur elles-mêmes !
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Je vous dis à très vite pour un nouvel article ! Et si vous souhaitez soutenir mon travail et me permettre de continuer à proposer du contenu gratuit sans aucune publicité sur le blog, n’hésitez pas à consulter les livres illustrés Rayures et Ratures en cliquant juste en dessous sur les couvertures !
Chloé
6 Commentaires
Analyse toujours pertinente Chloé, cette série HPI est une caricature certaines peuvent s’y retrouver. Je prends ça au second degré. Elle est elle comme vous le dites. Columbo est il HPI? Le HPI ne se résume pas à cette série qui fait de l’audience et c’est bien sont seul et unique but !!!
Belle journée Chloé
Merci beaucoup 🙂
C’est vrai que le HPI est à la mode et que l’on peut entendre et lire beaucoup de choses sur le sujet. Il y a trop de clichés à mon avis qui circulent et on oublie que derrière un enfant ou une personne HPI il y a un sujet dans toute sa singularité, qui ne se réduit pas à une étiquette posée un jour par le résultat d’un test. En tant que psy je détecte parfois des hauts potentiels et je peux dire que les fonctionnements et les personnalités ne sont pas identiques..
Bonjour Chloé.
Je suis soulagée de lire ce genre de propos sur la série, dont je n’ai à vrai dire vu que des extraits, mais cela a suffi à me « démoraliser ». Comme toi j’opine que le point négatif dans tout ça, c’est le titre. C’est plus accrocheur, et ça oriente la vision des gens sur tout l’épisode. Ils sont – pour la plupart ! Pardon pour la généralité – davantage attentifs aux déductions qu’à l’avancée de l’enquête policière. C’est un peu le Show d’une personne extrêmement intelligente. Mais il y aussi des points positifs, inutiles de paraphraser le contenu de ton billet.
Bref, donc, voilà où je voulais en venir : je suis une fan de Sherlock Holmes, en particulier de la dernière adaptation en série produite par la BBC. Je n’ai rien à reprocher à cette série, juste un parallèle à faire. Sherlock H. est, dans le Londres du XIXème siècle où il évolue, clairement présenté comme un HPI, un surdoué. Avec sa science de la déduction, implacable par sa logique, sa rapidité prodigieuse d’esprit, et puis son côté : « les sentiments sont le grain de sable dans un engrenage ». Il frise le cliché, mais c’est Sherlock. Il a créé le cliché.
Tout ça pour dire (navrée, ce commentaire devient un pavé inutile…) que moi, ça me démoralise et me fascine à la fois. Je me sens complètement idiote, honteuse que l’idée d’être intelligente m’ait un jour effleuré l’esprit. J’extrapole un peu, mais c’est en substance ce qui me traverse la tête pendant quelques minutes.
Comme il faut de tout pour faire un monde, sais-tu Chloé, s’il y a de la rivalité entre QI ? J’ai remarqué sur divers sites informatifs qu’il graduait les catégorisations : HPI de 130 à 145~ , puis THPI, et enfin TTHPI pour +160.
Je ne sais quoi en penser. J’espère juste ne pas être la seule à me poser la question, à sentir une sorte de compétition néfaste.
Merci d’avoir lu jusqu’au bout.
Bien à toi,
Mary
Bonjour Mary !
J’aime aussi beaucoup Sherlock 😉
Et oui, malheureusement, je trouve aussi qu’il y a de la rivalité entre QI dans certains milieux. Par milieu, j’entends certains forums, certaines associations. Les catégories HQI/THQI, c’est normal et utile, car il y a autant de différences entre une personne qui a 110 et une personne qui a 130, qu’entre une personne qui a 130 et une autre qui a 150. Donc ça permet de mieux comprendre son fonctionnement et celui des autres. En revanche, comparer et être en compétition, comme on peut le voir dans certains endroits où les personnes affichent leur chiffre de QI, ça me dépasse et je n’en perçois aucune autre utilité que résoudre un problème d’égo 😉
Bonne journée,
Chloé
Je ne suis pas HPI mais surdouée et à 54 ans aujourd’hui oui j’ose revendiquer ce mot qui est le bon. Le surdoué comprend tout un tas de même caractéristiques à cause d’un fonctionnement cognitif différent comme mon père a l’école qui expliquait à tous les profs de maths comment il avait trouvé le même résultat qu’eux mais pas par le même chemin. Il m’a bloqué avec les math tellement il comptait aussi vite que la calculatrice et s’était comme naturel chez lui. Ensuite oui il est increvable même à près de 80 ans c’est incroyable et oui une façon de parler très cash et trop cash car qui peut blesser. Perso ma fille et moi et ma petite fille c’est idem autant hyper sensible que curieuse qu’increvable car le surdoué a une énergie HORS NORME ce qui est épuisant pour bcp de personnes lambdas et d’où a 54 ans je suis seule c’est à dire plutôt avec un chien qu’avec un compagnon qui ne peut me suivre ou avec des copines déjà vieilles et plan plan et trop dans la routine qui ne m’intéresse pas même si vite vite pour remplir mes obligations.
Au sujet des enquêtes je rejoints Morgane car tous les surdoués de part leur curiosité sont en fait des chercheurs et au plus leur QI sera élevé au plus ils pousseront l’analyse plus loin ainsi que leurs sens seront plus développés etc et auront la facultés de trouver des solutions à presque tout. Le surdoué est dans l’action et dans la solution et ne reste pas les bras croisés devant le malheur. Il agit ! Il ne faut pas voir Morgane dans sa façon de s’habiller mais dans sa façon de vivre qui est un vrai leader de groupe pour sa famille à savoir tout mener de front et voir aussi son langage franc car en principe nous ne sommes pas reconnus pour êtres hypocrites et voir qu’elle va jusqu au bout des choses car elle ne lache rien. Son humour j’adore car cela va de pair avec son côté naturel et non surfait comme bcp de personnes lambdas. Pour moi elle est une bouffée d’air et un bon moyen de montrer qu’au delà des apparences vestimentaires ou autres la personne peut être surdouée et non niaise ou bizarre ou folle comme bcp de personnes lambdas ont critiqué les surdoués de ces mots et voir même des médecins non aguerris. Cela me fait d’ailleurs penser à un de mes ex qui un jour m’avait sorti … tu devrais voir la série de HPI car c’est tout toi ! On dirait qu’elle est niaise alors qu’en fait elle est trop intelligente. J’ai mit plus d’un an pour le regarder et j’ai comprit ce qu’il voulait dire c’est à dire que je ne suis pas une personne qui correspond et fait tout pour correspondre à rentrer dans le moule car depuis longtemps je suis enfin moi même que cela plaise ou pas d’où ce côté extraverti même si ce n’est pas dans le vestimentaire forcément. La série HPI ne pouvait pas mettre tous les surdoués donc y a bien fallu en choisir un et je trouve qu’ils ont choisi le profil qu’on retrouve le plus. Évidemment que ce n’est pas un doc mais j adore le générique qui inscrit toute une liste d’adjectifs qualitatifs où je me reconnais dans tous et oui ça fait du bien.
Ensuite je préfère le mot surdoué plutôt que HPI car selon moi et des psys surdoué comme « une psy à la maison » sur YouTube etc nous sommes d’accord que toute personne lambda peut avoir un haut potentiel intellectuel comme émotionnel et ne pas être surdoué pour autant donc elle peut avoir une excellente mémoire et rapidité d’exécution et vocabulaire très riche etc etc et bcp le sont mais s’ils passent un IRM ils auront une pensée cognitive dans la norme et non en arborescence et du coup …
Des psys qui font passer des tests m’ont dit qu’il y avait eu bcp d’erreurs à dire à des jeunes ou adultes qu’ils étaient surdoués alors que non ou dire qu’ils ne l’étaient pas alors que si.
Les surdoués se reconnaissent entres eux tout comme les aspergers et autistes etc se reconnaissent entres eux car même fonctionnement même s’ils varient plus ou moins. Donc on retrouve des gens dit HPI dans des regroupements de surdoués qui se retrouvent complètement largués ! Exactement pareil que si une personne lambda se retrouveraient chez des extra terrestres. Bref y a encore du boulot chez bcp de psy pas assez formé mais ça vient ! Ce qui nous sauve c’est pas le test car toute erreur est humaine et c’est justement passé par un humain et s’il ne l’est pas lui même c’est souvent catastrophique mais pas très grave pour eux car le maître mot est le fric dans le tiroir caisse. Aujourd’hui c’est l’IRM qui sauve tous les surdoués.
Désolée pour les fautes je me lève dans deux heures dc je ne relis pas car c’est pas l’orthographe qui compte mais mon message et point de vue à transmettre.
Peace ♥️