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Haut Potentiel

Effet Barnum et haut potentiel

11 août 2022
développement personnel effet barnum

Au vu de la multiplication des publications et contenus sur le haut potentiel, on nous met souvent en garde contre l’effet Barnum et le haut potentiel. Il s’agit d’un biais cognitif, qui implique qu’on se reconnaît dans la description de “surdoué” sans forcément l’être.

À la manière des horoscopes.

Surdoué ou victime de l'effet Barnum ?

Si vous vous êtes déjà posé cette question, ou si vous n’avez pas osé creuser le sujet du haut potentiel qui pourtant vous titillait car vous aviez la hantise de tomber dans l’effet Barnum, cet article est pour vous. 


L’effet Barnum, c’est quoi ?

L’effet Barnum, c’est un biais cognitif, que certains utilisent malheureusement comme technique de manipulation. Le phénomène est très simple. Il suffit d’avoir une description vague et générale d’un ensemble de traits de personnalité, dans lequel chacun peut plus ou moins se retrouver. Et on fait croire à la personne qui le lit que cela s’adresse spécifiquement à elle, que l’on décrit SA personnalité.

Cette expression “effet Barnum” ferait référence au fondateur du cirque Barnum. Celui-ci aurait créé dans les années 1850 un numéro interactif avec son public. Dans ce numéro, il s’adresserait à quelques individus de son audience au hasard, leur faisant croire qu’il a un don d’analyse et d’observation, tout en récitant des généralités sur leur personnalité, et ceux-ci sont stupéfaits de s’y reconnaître.

Il les manipulerait ainsi.

C’est l’effet Barnum. 

concept psychologie effet Barnum

Tant qu’on ne demande pas explicitement aux individus si la description qu’ils lisent pourrait s’appliquer également à la personnalité de leurs proches, ils sont persuadés qu’on les décrit eux spécifiquement. Ils se reconnaissent. 

Diverses études ont montré que l’effet Barnum était encore plus fort si : 

  • la personne qui fait passer le test a un lien d’autorité avec celle qui le passe (par exemple un professionnel, psychologue, enseignant, supérieur hiérarchique, etc)
  • la description est plutôt positive et flatteuse
  • la personne qui passe le test est persuadée que la restitution a été rédigée spécifiquement pour elle.

Ainsi, cet effet Barnum toucherait davantage les personnes qui sont à la recherche de la validation d’autrui. Elles perçoivent dans la description laissée volontairement vague ce que leur cerveau a envie – ou besoin – de percevoir. 

perception cerveau surdoué

Je crois qu’on tombe tous, un jour ou l’autre, dans l’effet Barnum. Et ce n’est pas grave.

Cela ne signifie pas être faible ou influençable.

Le tout, c’est de s’en rendre compte a posteriori, pour avancer.


Pourquoi on en parle à propos du HPI ?

Quand on parle de l’effet Barnum en lien avec le haut potentiel ou les personnes surdouées, c’est parce qu’on trouve des ouvrages ou sites internet qui résument les caractéristiques du HPI de façon très succincte. Réductrice. Et donc très vague.

Des vidéos ou articles sont partagés avec des titres accrocheurs comme “5 signes que vous êtes surdoué.e”, etc.

Il est alors assez facile de se reconnaître dans les signes ou les listes de caractéristiques évoquées, puisqu’on ne peut pas détailler en quelques minutes de vidéo. Je suis par exemple persuadée que rares sont les personnes qui se disent “ah non, moi je n’ai aucune empathie”, ni que ne se sont jamais senties en décalage dans leur vie.

Pourtant, ce n’est pas parce qu’on a de l’empathie, et qu’on se sent en décalage, qu’on est forcément haut potentiel. C’est plus complexe que ça, évidemment.

< Cliquez ici si vous vous demandez ce que c’est, le haut potentiel intellectuel dans toute sa complexité >

Alors oui, on peut tomber dans l’effet Barnum, surtout si l’on est dans une quête de soi, de compréhension, ou que l’on ressent un fort besoin d’appartenance à une période donnée de la vie. 

Comme je l’écrivais un peu plus haut, ce n’est pas grave, de tomber dans l’effet Barnum. Le tout, c’est de ne pas y rester. Car exactement comme quand on parle du fait de se mettre dans une case ou de se coller une étiquette, l’important c’est de prendre les informations, puis d’avancer. De ne pas oublier de sortir de la case un jour, ni de l’effet Barnum. 

Un peu plus haut, on définissait l’effet Barnum comme un biais cognitif et par conséquent également comme une technique de manipulation pour certains. Effectivement, il existe des thérapeutes qui utilisent cette technique avec des listes vagues pour attirer des clients. Et quand on lit des articles sur l’effet Barnum et le haut potentiel, c’est généralement pour mettre en garde contre ces dérives.

Oui, ça arrive, et c’est important de le savoir. pour le reconnaître.

Mais tous les thérapeutes ne sont pas non plus dans cette démarche et il ne faut pas avoir peur de se renseigner davantage sur le haut potentiel. 


L’effet barnum de l’effet barnum.

Ou quand la hantise de tomber dans l’effet Barnum tue l’effet Barnum. 

Quand on manque de confiance en soi, et qu’on est tombé sur de multiples publications mettant en garde contre l’effet Barnum dans le cadre du haut potentiel, des personnes surdouées, on peut avoir tendance à se dire “Pff, je suis sûr que c’est l’effet Barnum”. Et on va arrêter de creuser.

suis-je surdoué ?

Car parfois, c’est en consultant un psychologue qu’on découvre le haut potentiel, mais parfois, c’est l’inverse. On est en pleine réflexion sur soi, on ne se sent pas très en phase avec les autres. Par conséquent, on se pose beaucoup de questions. On cherche des réponses, et puis quelqu’un nous prête un livre, ou nous parle de haut potentiel.  À sa manière, on creuse un peu, et on s’y retrouve. Alors, on se demande si on ne devrait pas consulter, ou passer un test.

Quand c’est dans ce sens-là, c’est un questionnement. Est-ce que je suis HPI ou pas ? Je ne sais pas, je me pose la question. Je me reconnais dans de nombreuses descriptions. C’est peut-être l’effet Barnum. 

Et c’est là que l’effet Barnum de l’effet Barnum peut apparaître. 

J’en ai tellement entendu parler, que je refuse de creuser. En effet, je suis sûre et certaine que c’est idiot. Je me reconnais simplement comme je pourrais me reconnaître dans un horoscope. Ça ne veut rien dire. C’est évident que c’est l’effet Barnum, ça veut rien dire sur comment je fonctionne, raisonne, ou sur qui je suis.

effet barnum psychologue

Peut-être effectivement qu’on a là un effet Barnum. Et peut-être pas. Et c’est dommage de s’arrêter de creuser un sujet, quand on en ressent le besoin, parce qu’on a peur d’être dans l’effet Barnum. Comme si c’était une honte. A force d’entendre “effet Barnum des surdoués”, on a une distance face au sujet. On n’ose pas trop se renseigner, on ne se sent pas forcément légitime. C’est un peu la même réaction que l’on peut avoir lorsqu’on nous répète en permanence que le haut potentiel est un effet de mode.

honte de consulter un psychologue

Je trouve ça dommage. Car peut-être qu’on aurait rien découvert et poursuivi notre chemin tranquillement en ayant éliminé une piste. Mais peut-être qu’on aurait trouvé des clefs de compréhension. On ne peut pas savoir, tant qu’on a pas emprunté le chemin. 

Le haut potentiel, c’est un fonctionnement qu’il est important de connaître.

Comprendre, sur le tard ou non, que l’on est surdoué.e, apporte des ressources précieuses pour avancer dans la vie. Pour mettre un mot sur sa différence, grandir en paix avec elle, et s’épanouir dans la vie !

Comme le font toutes les personnes, de tous les âges et tous les horizons, qui ont témoigné dans Rayures et Ratures 2 : Pour la Vie, à leur rythme.


Alors, suis-je surdoué.e ou victime de l’effet Barnum ?

Si le sujet du haut potentiel vous parle, si vous vous reconnaissez dans certaines descriptions mais que vous n’osez pas creuser davantage le sujet car on vous a dit que c’était sûrement l’effet Barnum : rassurez-vous. 

Ce n’est pas toujours l’effet Barnum. 

Toutes les personnes s’étant reconnues dans les descriptions de HPI ne sont pas HPI. Mais la majorité des personnes ayant été détectées HPI se reconnaissent dans ces descriptions. 

Et puis si c’est l’effet Barnum, c’est OK, il n’y a pas de honte. Ce n’est ni un signe de faiblesse ni de naïveté. Se poser des questions, c’est bien ! 

Pour déterminer si vous tombez dans l’effet Barnum, ou si vous êtes peut-être réellement HPI, creusez davantage. Puis laissez de côté le sujet un petit moment. Vous verrez s’il revient en force dans votre esprit, ou si vous passez à autre chose.

Si ce n’est pas un intérêt passager, si la question persiste, n’hésitez pas à consulter un professionnel. Vous pourrez alors en apprendre davantage sur votre fonctionnement, quel qu’il soit !


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2 Commentaires

  • Reply Henrimage 19 août 2022 at 9 h 07 min

    Bonjour,

    J’ai découvert mon haut potentiel assez tardivement (à la moitié de ma vie)… non ce n’est pas tout à fait vrai, je n’ai pas découvert, j’ai été diagnostiqué THQI… entre autre… dans ce bilan psychologique, il n’y avait pas que le QI, ma cognition ne se limite pas à ma logique, mais à un ensemble de statut fait à un instant T, qui formalise une partie de ce que je suis.

    Quel lien avec l’effet barnum ? J’y vais y venir. Ces quelques lignes pour résumer une des grandes étapes qui a améliorée ma compréhension de … moi-meme.

    Bref, ce chemin que j’ai parcouru avant d’arriver à franchir le pas d’aller voir un psy et d’avoir ce bilan n’était vraiment pas simple, peu importe ce que l’on vous dira ou vous vendra, ce n’est pas un chemin facile, cela demande du courage, une certaine objectivité et aussi une acceptation (pour moi c’est l’étape la plus difficile) … et du coup l’effet barnum peut aider.

    A la suite d’une formation en développement personnel, j’ai senti que j’avais quelque chose en moi que je connaissais bien mal (voire carrément surpris). Qu’est ce que c’est que ça ? Je ne savais pas que je savais faire ça ? AH si peut etre un peu, mais bon cela doit etre induit … ce n’est pas vraiment moi, ben peut etre que si … bref un ressenti d’une grande intensité un peu bordélique qui tire à hue et à dia.

    Du coup j’ai commencé à chercher, tout seul (confiance en autrui…proche du zéro). Je vous passe les outils psycho que j’ai utilisés, chacun m’a aidé à définir une image de moi-meme par effet barnum (ça je prends, ça je prends pas, ça, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre, …), pour arriver à « ça c’est moi » et l’exposer … youpi, bonheur parfait… sauf que pas du tout.

    L’image que j’ai construite était certes approchante, cela me donnait plusieurs clefs de fonctionnement de moi meme, sauf que cette image elle tenait pas la marée, à la moindre énergie négative (c’est nul, c’est pas terrible, n’importe quoi, …) mon estime de moi-meme s’effondrait. J’ai quelque chose en moi et j’attend que quelqu’un me dise quoi… c’est illusoire.

    Par contre j’ai remarqué un truc, certaines définitions tenaient bon, non pas celle que j’avais eu via des descriptions, mais celles que j’avais expérimentées/construites dans la vie réelle. Exemple, je suis quelqu’un qui utilise l’intuition et le ressenti pour construire des concepts, bon vous me direz, c’est pas ouf, sauf que derrière ces mots j’ai un paquet d’expériences vécues… ce qui fait que meme si les mots me viennent d’un modèle, pour moi ils sont concrets.

    Mais, comme je le disais plus haut, ce n’est pas si simple, j’avais des définitions, mais toujours cette sensation d’avoir quelque chose en moi que je connaissais mal.

    Et puis un jour j’ai croisé la route d’un livre ou plutot d’une BD, celle ci m’a plongé en moi, et j’ai découvert asperger… sauf que qu’asperger, ben tu peux pas dire je le suis (c’est un handicap reconnu) sans avoir été diagnostiqué, car alors tu prends le risque de faire souffrir des gens qui, eux, sont véritablement asperger. Donc je me suis reconnu dans asperger, mais par contre il fallait que je franchisse ce fameux pas du bilan psy… j’ai essayé et je n’ai pas réussi, je butais sur le questionnaire d’entrée (sur une question bien précise), du coup j’ai abandonné.

    Mais toujours cette idée, qu’est ce que j’ai en moi qui me fasse aussi peur.

    Et puis un jour, j’ai croisé la route de quelqu’un en qui je me suis reconnu, encore une fois youpi… bonheur parfait … encore une fois pas du tout.

    Se reconnaitre en l’autre est une chose, mais l’autre n’est pas soi, la leçon a été très difficile, c’est une sorte d’effet barnum, où l’on prends ce que l’autre est comme étant soi… c’est une grave erreur … d’un autre coté, cette confrontation m’a donné l’énergie d’aller voir le psy, tout simplement sur le fait que je souffrais sans savoir pourquoi … du coup j’ai sauté le pas.

    Et j’en arrive aujourd’hui, avec des idées plus précise de ce que je suis tant dans la lumière que dans l’ombre, je suis THQI, mais pas que …

    Tout ce pavé pour dire (un cas d’usage lol), tout à fait d’accord avec Chloé et son très bel article, l’effet barnum une fois conscientisé peut etre une aide, faites vous confiance.

    Bonne journée,

  • Reply Darleen 12 avril 2024 at 14 h 37 min

    Bonjour, vous semblez dire que le bilan psy et médical que vous avez passé pour diagnostiquer un cas d’autisme était comme un « examen » que vous avez interrompu par peur de le .. rater ?

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