Intelligence, pleine conscience et haut potentiel : l’alchimie heureuse.
Conférence de Jeanne Siaud-Facchin, 5 mars 2018, Espace Reuilly. Organisée par les Rencontres Perspectives.
Lundi dernier, j’ai assisté à la conférence donnée par Jeanne Siaud-Facchin à l’Espace Reuilly, à Paris, dans le cadre des Rencontres Perspectives. J’étais de passage pour quelques jours, et quand j’ai vu le sujet de la conférence, j’ai décalé mon retour pour pouvoir y assister. La pleine conscience. Depuis quelques mois, j’en entends beaucoup parler, on me conseille de me pencher sur le sujet, j’ai écouté deux méditations de Christophe André sur YouTube dans le but de mieux gérer la douleur physique, lu différents articles, mais je ne savais pas “comment faire” ni vraiment “pourquoi”, et puis, quel rapport avec les zèbres ? Je ne savais pas non plus à quoi m’attendre lors de cette conférence. Et j’ai été très agréablement surprise, car c’était très POSITIF, et ça fait du bien ! (en témoigne le curseur de mon enthousiasme à la sortie de la conférence, ci-dessous, pas DU TOUT exagéré haha )
Jeanne Siaud-Facchin a commencé par un petit rappel sur l’intelligence et les spécificités des zèbres. On a beau connaître le sujet, cela fait du bien d’entendre que l’intelligence n’est pas seulement la capacité à réfléchir, et que l’on ne peut pas être intelligent sans émotions, sans ressentir. Cela fait du bien, aussi, d’entendre parler d’hyper-connectivité cérébrale, de rapidité de traitement des informations, de pensée en arborescence, d’hyperesthésie, d’hypersensibilité et d’empathie sous un angle plutôt positif. Sans nier les problèmes que ce fonctionnement peut provoquer, elle nous a rappelé que toutes ces caractéristiques construisent cette intensité de vivre et de ressentir, et nous donnent beaucoup de puissance et de possibilités. Et c’est justement là où la pleine conscience est intéressante, et importante. Pour canaliser cette puissance du mental.
Jeanne Siaud-Facchin nous rappelle que, zèbres ou non, nous sommes en permanence en train de faire des films dans nos têtes, de tout anticiper. On a l’impression que si on anticipe tout, alors on va tout maîtriser.
On anticipe, on se fait un film sur ce qui va se passer après, puis on rumine, on se refait le film à l’envers, en se demandant ce qui se serait passé si on avait fait les choses différemment. On pense plutôt que vivre. Alors qu’on devrait profiter du moment présent, on pense à ce qui s’est passé avant ou à ce qui se passera après. Je n’ai pas noté les statistiques qu’elle nous a données sur le temps que l’on passe dans notre tête, mais c’était saisissant. La méditation pleine conscience sert à ça. A se reconnecter avec l’instant présent, avec notre corps et nos sensations à l’instant t. Cet instant fragile que l’on ne connaîtra jamais si l’on n’en prend pas soin.
J’avais beaucoup de préjugés sur la méditation. Pas forcément négatifs, mais je pensais notamment que c’était une technique de relaxation, une façon de se vider l’esprit. J’étais d’ailleurs assez mal à l’aise lorsque la conférence a commencé par un moment de méditation, pieds posés à plat et yeux fermés. Persuadée qu’il s’agissait “simplement” de se relaxer, je refusais de me laisser aller et de fermer les yeux… Je ne suis visiblement pas la seule à avoir ces a priori, car une slide entière de la présentation était consacrée à ces préjugés !
Jeanne Siaud-Facchin explique justement que non, la méditation n’est pas là pour ne plus penser, pour se vider l’esprit, bien au contraire. Elle sert à observer le flot de pensées, elle permet de modifier la relation que l’on entretient avec elles, et demande un effort d’attention, un effort cognitif. Non, ce n’est pas non plus une technique de relaxation, une façon de se détendre ou d’être zen, bien que cela puisse être un effet bénéfique de la méditation. Et enfin, non, la méditation n’est pas un état mystique réservé aux moines bouddhistes ! Ce n’est pas un enfer qu’on s’impose, pas un exercice auquel on doit s’astreindre chaque jour à la même heure. C’est très libre en fait.
Sur l’effet de mode, elle répond simplement : “Oui, c’est à la mode, et alors ?”. Elle explique que le sport aussi, c’est devenu “à la mode” dans les années 1980, que des salles de sport se sont ouvertes un peu partout, et qu’aujourd’hui, c’est reconnu comme quelque chose de nécessaire pour être en bonne santé. Et ajoute, avec une pointe d’humour, que peut-être dans quelques années, notre médecin nous dira :
Comme quoi, ce n’est pas forcément une mauvaise chose, d’être “à la mode”.
Mais alors, c’est quoi, la méditation ?
Elle explique que la pleine conscience, c’est un état d’éveil, de présence. C’est faire l’expérience de sa présence. “Etre là”. C’est une autre façon de vivre, c’est s’entraîner à être vraiment là, dans le présent. Et je ne sais pas si vous avez déjà essayé, mais ça demande un sacré effort, de faire attention au moment présent ! La méditation pleine conscience permet de reconnecter son corps, son mental, et l’instant présent.
Pour les zèbres, pris dans le tumulte des pensées, qui captent tous les stimuli extérieurs et qui s’épuisent souvent à vouloir tout contrôler et sans cesse s’adapter, c’est donc un formidable outil. Alors qu’on cherche tous à mettre notre cerveau sur “pause” (ou OFF pour certains), et que bien souvent, nous avons testé beaucoup de stratagèmes pour ne plus penser, la pleine conscience nous permet, elle, de revenir à des sensations de présence quand on part un peu dans tous les sens. De condenser l’arborescence pour en faire une puissance, de nous relier aux sensations dans notre corps, de s’appuyer sur la force de nos émotions. De n’être ni hors de son corps, ni submergé par ses émotions, ni trop dans sa tête. De canaliser tout cela, de se reconnecter à son corps, à ses sensations, de retrouver le chemin vers nos ressources, de voir où l’on ressent nos émotions dans notre corps, de renouer avec notre intuition, de déployer pleinement notre créativité, de sentir à nouveau l’émerveillement devant de petites choses. Quand on part dans tous les sens, et souvent très loin, la pleine conscience nous permet de revenir, d’être ancré dans le moment présent.
Enfin, Jeanne Siaud-Facchin insiste sur le fait que non, la méditation n’est pas une solution à tous les problèmes ou une pilule à tout faire, mais un chemin à emprunter si l’on a cette curiosité là, car la pleine conscience ouvre le champ des possibles et nous permet de ressentir ce que l’on vit. Après avoir accepté qui l’on est, c’est important de s’y relier. “D’être là”
Je ne sais pas si j’ai réussi à bien vous résumer la conférence, j’espère ne pas avoir dit trop de bêtises (Jeanne Siaud-Facchin, si vous passez par là, n’hésitez pas à me corriger 🙂 ), et j’espère surtout avoir réussi à piquer un peu votre curiosité et à vous transmettre l’enthousiasme avec lequel je suis sortie de cette conférence. Avoir des solutions, des pistes, des choses à tester, ça m’a fait du bien. Je ne peux que vous encourager à assister à de futures conférences sur le sujet ou à lire son livre “Tout est là. Juste là” que j’ai lu dans le train sur le chemin du retour, et qui prolonge mon enthousiasme et cultive ma curiosité sur la pleine conscience (et non, je ne suis pas payée pour écrire ça !)
Pour assister à d’autres conférences, retrouvez le programme des Rencontres Perspectives sur leur site ici. Elles ne sont pas qu’à Paris 🙂
20 Commentaires
À ce propos, je viens de lire son livre « Comment la méditation a changé ma vie et pourrait bien changer la vôtre », qui a convaincu mon cerveau sur-rationalisant des effets positifs que ça pouvait avoir…
Ce qui permis d’essayer, et même si je balbutie encore, je pense y avoir trouvé un espace de calme intérieur qui n’est pas du luxe !
Merci Rayures et Ratures. Gros bisous
J’ai lu son livre « Trop intelligent pour être heureux » et j’ai adopté sa façon de voir les zèbres (j’en ai deux) et surtout d’écrire ce livre. Pour ma part, je fais du yoga depuis des années et la mise en route est déroutante car il faut débrancher un peu les pensées, les laisser passer sans les accrocher. Un grand bienfait !
Je vais voir le livre dont vous parlez.
Et surtout merci pour votre site, une mine d’infos déculpabilisantes
Merci beaucoup pour votre message !!!
Un grand merci Chloé pour cette synthèse touchante et très précise de cette conférence ! Bravo, vraiment ! C’est particulièrement agréable pour moi de retrouver le « ton » de mes mots et du sens que je souhaitais partager. c’est un vrai talent d’écrire un papier comme celui-ci ! Pour ceux qui n’étaient pas là c’est un résumé fidèle dans le fond et la sensibilité. A bientôt !
Merci beaucoup beaucoup pour votre message, ça me touche beaucoup ! Je suis contente que le ton soit le bon 🙂
A bientôt,
Chloé
Sur le même thème, vous pouvez aussi assouvir votre curiosité avec le « Manuel de Mindfulness : Pratiques et medidations de pleine conscience » de Laurence Bibas. Après avoir participé à un atelier avec l’auteur lors du festival du yoga à Paris, j’ai pu apprendre à effectuer un body scan. Ayant pratiqué cette exercice tout les matins via le CD fournit avec le manuel, cela a changé ma vie de petit zèbre !
PS: Ton blog est génial ! Surtout les illustrations qui résument assez bien l’état d’esprit des personnes à haut potentiel. Bon courage pour la suite !
Merci beaucoup beaucoup, maintenant j’ai de quoi assouvir ma curiosité 🙂 🙂
Merci Rayures et Ratures :)Des bisous !
Bonjour Chère chloé,
Je lis votre article avec beaucoup d’émotion. J’ai 40 ans, je médite depuis 8 ans et je peux dire que cette pratique a changé ma vie. Il n’y a pas plus beau chemin que celui qui permet de revenir à soi, d’aller en quête de sa paix innée et de développer sa bonté fondamentale Il émane de tout votre blog que je découvre avec beaucoup d’intérêt une belle sensibilité; une grande générosité et beaucoup de talent. Merci Chloé pour ce magnifique travail très inspirant !
Merci Aurélie, qui fait un super blog http://www.monenfantadupotentiel.com ! Au plaisir de rediscuter avec vous !
Bonjour,
Intéressant article pour parler de la méditation et surtout de ses bénéfices.
Pour ma part, parler de « pleine conscience » me gratte un peu les rayures !
Hé oui, parce que je ne me retrouve pas dans cette notion de plein. Si la méditation devait un but (je n’y crois d’ailleurs pas), disons plutôt intention, il ne s »agit pas d’avoir une conscience pleine mais plutôt claire, libérée des préjugés, voiles et agitation du mental.
Je pratique pour ma part le zazen pour aller vers quelque chose de simple (en apparence) mais je suis les enseignement bouddhistes tibétains et j’ai suis aussi le cycle de l’enseignement Vipassana. Sans prétendre que l’un ou l’autre a raison, ce que j’aime dans l’approche tibétaine et Vipassana est la distinction de deux grandes étapes dans méditation :
Tout d’abord « l’attention juste », qui va vers la concentration et vise à calmer l’agitation du « mental singe ». Cette partie est pour moi indispensable car il est très difficile d’aborder la deuxième phase de la méditation quand le mental n’est pas calmé un minimum.
La deuxième partie est la « compréhension juste ». C’est la partie qui permet de « voir au-delà des apparences », de faire preuve de discernement, et par développement mène à la sagesse.
Voilà une réaction à chaud à la lecture de cet article. J’espère que je n’ai froissé personne.
Et surtout, je dirais qu’il existe mille manières de méditer : à chacun de trouver la sienne car c’est effectivement une merveilleuse rencontre avec soi.
bonne journée à tous,
Loïc
MErci pour l’article.
Pour ma part j’ai trouvé une autre façon de méditer qui répond beaucoup plus à mon côté hyper active : la danse libre !!
C’est la danse qui m’a permise de me reconnecter avec mon corps, avec mes émotions! c’est la danse qui me pemet de reposer mon mental car quand je danse, je danse et j’oublie tout !!
Génial ! Moi je n’ai pas encore trouvé ma façon de méditer… mais je ne désespère pas 🙂
Méditer consiste à porter son attention sur un certain objet de pensée pour en approfondir son sens, cette objet peut être également soi même. L’écriture est un super support de méditation et à vous lire il pourrait être le votre.
L’escalade pour ma part ! Canaliser l’esprit, faire bouger son corps dans des équilibres subtils, y revenir jusqu’au succès, rencontrer d’autres grimpeurs… Le trail aussi ! lorsque la course est suffisamment longue pour que l’esprit s’accorde au rythme répétitif des foulées. Le djembé ! quand on se laisse porter par les autres et que le rythme sort sans que l’on ne pense plus à la technique. Le kite-surf ! Parce que si tu ne penses plus à ton aile et à ta planche tu finis à l’eau 🙂 Et la méditation au quotidien dans chaque mouvement et chaque action (lire Thich Nhat Hanh, il est tellement inspirant)
Je fais partie de ceux qui croyaient que faire de la méditation, c’est faire le vide dans sa tête. Incroyable ! Autant dire que cela ne fonctionne pas, surtout qu’à priori je pourrais bien être zèbre (test mois prochain).
Mais dire qu’il s’agit d’observer ses pensées, là cela prend un tout nouveau sens pour moi. Tardivement, certes, mais au moins, c’est fait, là j’ai appris quelque chose ! Merci pour ce post !
De rien 🙂 🙂 Moi aussi je pensais ça avant !
Merci pour cet article !
Et pourquoi ne pas tenter l’écriture automatique ?
Cette manière d’écrire tout ce qui passe dans sa tête dans un état de méditation légère…
Peut-être cela pourrait vois correspondre.
Plein de bonnes ondes pour la suite.
Bonne idée ! Merci, je tenterai 🙂