C’est une question qui est beaucoup revenue dans vos commentaires. Elle m’a d’ailleurs interpellée, car pour moi, si vous vous posez la question et que vous êtes ici, à lire ces articles, c’est que vous avez déjà fait un petit bout sur le chemin de l’acceptation. Vous vous intéressez au sujet, vous essayez de comprendre le fonctionnement de votre enfant, et accepter sa particularité, c’est un peu ça, non, essayer de le comprendre?
Il n’y a pas de mal à se poser la question de l’acceptation. Il n’y a aucun mal non plus à éprouver de la peine, de la colère, de la détresse, de l’incompréhension, de la peur, de la frustration ou du doute lorsque l’on vous annonce que votre enfant a été identifié « surdoué », « précoce », « haut potentiel ». Une dimension inconnue s’empare du quotidien de parents de nouveaux petits zèbres, et il est tout à fait normal d’être intimidé.
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Qu’est ce que l’on a du mal à accepter, en fait ?
Parfois, certaines personnes ont du mal à accepter la particularité de leur enfant parce qu’ils ont peur de « mettre une étiquette », de le stigmatiser dans sa différence. Avoir un mot (ou des mots, plutôt) pour définir le fonctionnement particulier de l’enfant, cela peut faire peur, certains parents refusent de l’accepter car ils ont l’impression que reconnaître la spécificité de l’enfant va le placer dans une case et lui porter préjudice.
Parfois encore, des parents craignent les réactions de l’entourage ou de l’extérieur. La douance est un sujet qui suscite des réactions passionnées, positives ou négatives, souvent contradictoires d’ailleurs, et qui fait l’objet d’idées reçues opiniâtres. Reconnaître et accepter la particularité de l’enfant, c’est se confronter fatalement à ces réactions.
Enfin, il y a aussi parfois la peur de ne pas savoir comment gérer le fonctionnement particulier de l’enfant, qui intimide peut-être, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir quoi répondre à ses questions.
Dans la vaste littérature sur les personnes douées, on parle même souvent du « deuil de l’enfant normal » ou du « deuil de l’enfant idéal ».
Le fait est que l’enfant fonctionne d’une certaine manière, et il fonctionnera comme cela toute sa vie. Ce n’est pas un problème, ce n’est pas une tare, ça ne veut pas dire qu’il est anormal. Pour reprendre les mots d’une vidéo écoutée récemment (j’ai perdu ma source mais je vais la retrouver et j’indiquerai la référence!) : c’est un enfant normal dans un monde imparfait et peu ouvert à la différence. L’enfant est lui. Il est unique. Il est spécial.
Il est intense, passe du rire aux larmes, pose des questions incessantes, pique des colères, s’entête, réagit à l’extrême, mais il est aussi très affectueux, observateur, sensible, intelligent, généreux… Mettre un mot sur sa spécificité puis l’accepter, ce n’est pas le stigmatiser, c’est l’aider à comprendre et à avancer.
Plus il sera reconnu et accepté, et plus il pourra se réaliser, s’épanouir, développer son potentiel. S’il est identifié puis accepté tel qu’il est, il pourra dompter ses particularités, en faire des forces. A l’inverse, s’il n’est pas reconnu ou s’il est reconnu zèbre mais pas accepté, il risque de mal vivre son décalage, de percevoir des points positifs de sa personnalité en points négatifs, en faiblesses, d’essayer de se conformer aux standards pour ne plus se sentir différent, mais par conséquent de ne pas se réaliser, et de s’ennuyer.
Comment faire alors, pour accepter ?
Pas grand chose ! Je crois que l’on accepte lorsque l’on essaye de comprendre la particularité de l’enfant. Lorsque l’on se renseigne, s’informe, que l’on échange avec des professionnels ou d’autres parents pour écouter leur version, leurs expériences. Il y a plein de manières possibles pour essayer de comprendre. Accepter, c’est aussi tenir compte du fonctionnement particulier de l’enfant, répondre à ses sollicitations sans culpabiliser (car on entend parfois des gens dire que les parents « gavent » ou « sur-stimulent » leurs enfants de connaissances, non, là vous répondez simplement à ses demandes). Il faut apprendre à se familiariser avec cette différence, ces réactions, cette sensibilité.
Enfin, après avoir identifié, reconnu (chez le psychologue) puis accepté cette particularité, ce qui est important c’est d’expliquer et de faire prendre conscience à l’enfant de son propre fonctionnement, afin qu’il puisse à son tour s’accepter lui-même, et s’épanouir.
Les adultes zèbres ont eux aussi besoin de s’accepter, d’autant plus qu’ils ont parfois été identifiés sur le tard. On verra ça la prochaine fois !
20 Commentaires
Je n’ai qu’un seul mot : merci.
Ce n’est absolument pas dans mes habitudes de commenter les publications internet mais votre blog est non seulement magnifique dans sa forme mais tellement riche dans son contenu.
Maman d’un petit zèbre (ce mot me plait tellement mieux que les autres) de 10ans et demi défini comme tel il y a seulement un an, et de 3 autres enfants, le quotidien est souvent si compliqué que nous, sa famille, nous décourageons parfois.
Lire votre blog m’apporte tant d’éléments pour comprendre mon fils, tout ce que vous dîtes reflète tellement ce que nous vivons quotidiennement que j’en suis émue.
Alors encore une fois, MERCI…
J’ai tout à l’heure laissé un commentaire qui est en attente d’être publié. En remplissant le champ du nom je n’avais pas compris qu’il serait publié tel quel. Je n’arrive pas à revenir en arrière pour supprimer moi même mon nom de famille. Je souhaite donc mon nom de famille soit supprimé avant publication sur le site.
Merci.
C’est fait 🙂
J’ai 15 ans et je me reconnais dans beaucoup de spécificités d’ado/adultes surdoués ou HPI… Pas dans toutes, notamment celles qui touchent à l’hypersensibilité émotionnelle, puisque j’ai toujours été plutôt maître de mes émotions (même enfant, très peu de caprices) Pourtant, même si ce n’est sûrement pas légitime, je me demande si il est possible que je sois zèbre (ou autre ?). J’ai peur de m’intéresser à tout cela juste par besoin « d’appartenir à un groupe » (comme toute bonne adolescente en manque d’attention) et de simplement me mentir à moi même quand je pense me reconnaître dans les différentes descriptions… De plus, je m’intéresse aux personnalités MBTI, et suis INTP, personnalités qui font la description colle énormément à la celle d’un HPI/surdoué. Donc peut-être que c’est juste ma personnalité, mais que je ne le suis en aucuns cas. D’un autre côté, je ne peux pas m’arrêter de chercher une réponse ! Que faire, vous avez des conseils ? (Je n’en ai fait que de vagues allusions à ma mère, et n’en ai parlé ni à mon père ni à ma belle mère, qui est HPE diagnostiquée par un psy)
Désolé j’avais pas vu que je répondais à un message, c’était pas volontaire….
Bonjour Anaïs,
Dans tous les cas, que vous soyez HPI ou autre, il s’agit de votre personnalité et pas d’un trouble 🙂
Mais comprendre son fonctionnement, quel qu’il soit, est super important, et du coup si vous ressentez le besoin de continuer à chercher, n’hésitez surtout pas ! Je vous encourage à lire cet article qui parle justement de ces personnes qui ne se sentent pas légitimes à se questionner sur le HPI parce que c’est la mode ou parce qu’elles ont peur de le faire par besoin d’appartenir à un groupe comme vous le dites si bien. https://www.rayuresetratures.fr/effet-de-mode/
Vous verrez que ce qui est important, c’est tout le processus de questionnement, peu importe ce qu’on trouve tout au bout !
Merci beaucoup beaucoup, cela me fait très plaisir et m’encourage à continuer 🙂
PS : j’ai pu enlever votre nom avant publication !
Bonjour 🙂
Je découvre le blog et j’adore ! Merci bcp pour cet engagement.
Je profite de cet article pour poser la question. Comment vous faites pour « protéger » votre enfant ? Du harcèlement, du rejet, etc.
J’en ai pas mal souffert pendant l’enfance car personne ne me comprenait ou ne voulait comprendre. Et je commence à voir que ma fille « subit » et ressent la même chose et a du mal à se faire des amis. Elle ne comprend pas et ça la blesse. Elle n’a que 3ans et demi, du coup j’ai du mal à trouver les mots et la bonne attitude.
J’ai bien conscience qu’il n’y a pas de recette miracle et je ne sais pas précisément ce que j’attends. Peut-être juste des témoignages ou une piste de réflexion.
Merci d’avance !
Et encore une fois, votre blog est super
Bonjour Tatiana ! J’espère que des parents de petits zèbres passeront par là pour vous répondre car je n’ai pas d’enfants !
C’est un peu tôt pour le dire (le mien a 4 ans) , mais j’ai la même experience, j’essaye de donner à mon fils une estime de lui béton, dissociée des autres en quelque sorte. Par ailleurs, j’essaye de provoquer des activités avec d’autres enfants (d’amis, ou ateliers extra scolaires), pour qu’il se sente « inclus ». Après je pense que c’est un chemin, si vous trouvez d’autres idées en route, je prends 🙂
C’est un peu tôt pour le dire (le mien a 4 ans) , mais j’ai la même experience, j’essaye de donner à mon fils une estime de lui béton, dissociée des autres en quelque sorte. Par ailleurs, j’essaye de provoquer des activités avec d’autres enfants (d’amis, ou ateliers extra scolaires), pour qu’il se sente « inclus ». Après je pense que c’est un chemin, si vous trouvez d’autres idées en route, je prends 🙂
Bonjour,
Je vous remercie pour ce joli blog qui me fait rire mais je verse aussi quelques larmes d’émotions.
Je suis en effet concerner par le sujet car ma fille a été « diagnostiquée » haut potentiel il y a un an sur les conseils de son institutrice de l’époque.
Et là, on découvre un monde qu’on n’imaginait pas…
Elle a aujourd’hui 10 ans.
A 7 ans elle a été l’objet de harcèlement de la part des autres élèves de sa classe car elle avait peur de l’échec et elle se mettait à pleurer immédiatement et systématiquement.
On a essayé de dialoguer avec son institutrice de l’époque, on a rencontré « un mur », le problème était notre fille.
A la base, pour l’instant notre fille est très bonne en classe, du coup on a laissé à l’époque l’aspect scolaire pour se consacrer à l’aspect gestion des émotions.
On a tenté de lui apprendre l’échec, qu’on peut se relever des échecs et surtout apprendre de ceux-ci…
On a matérialisé par exemple en lui faisant faire des opérations qui lui paraissaient insurmontables (10 000*2), elle commençait à pleurer et petit à petit on lui a démontré qu’avec de la méthode, les choses qui paraissaient très difficiles pouvaient être du coup faciles.
Notre plus grande victoire c’est que l’institutrice qu’elle avait à 7 ans, « ne reconnaît » plus notre fille, elle voit maintenant une petite fille heureuse avec le sourire.
On lui fait faire aussi du sport, de la natation en lui demandant juste de savoir nager (jamais de compétition), le fait qu’elle se dépense sans aucune autre implication lui fait beaucoup de bien.
Nous la félicitons aussi quand elle réussit quelque chose (elle pleure toujours en fin d’année car elle ne sait pas si elle passe en classe supérieure)
En fait « notre travail de parents » c’est un travail d’équilibriste pour savoir reconnaître les failles de nos enfants et pouvoir proposer des solutions.
Habituellement je commente pas mais je trouve ton blog génial et ça fait plaisir de se dire qu’il y a des personne qui cherchent à nous comprendre.
À 7 ans j’ai su que j’étais zèbre, aujourd’hui j’en ai 24 et je le vis toujours assez mal.
Quand mes parents l’ont appris ils ont juste cessé de s’occuper de moi, pour eux je n’avais besoin de personne vu que j’étais « super intelligente », je devais/dois tout réussir dans tout les domaines et dès que j’échoue dans quoique ce soit c’est de ma faute et je deviens systematiquement le reflet de mon échec, ça a donc developpé chez moi une peur de l’échec énorme que j’ai eu du mal à surmonter, pour vous dire au point de ne plus me présenter aux examens ou à des entretiens pour ne rien rater.
Durant les repas de famille on se moque de mon hyper sensibilité, ou de ma façon de voir les choses et j’en passe.
Je pourrais écrire un roman si je devais tout raconter.
Tout ça pour dire que je salut ces parents qui cherchent à comprendre leurs enfants et qui les accompagnent car si c’est dure pour eux il faut savoir que ça l’est tout autant pour l’enfant, et que si il est pas bien entouré ça peut avoir de réel répercussions sur sa vie futur.
Bonjour !
Tres interessant , et plus explicite que tous les livres !
je suis entourée de Z , mon mari et 2 enfants sur 4 . je suis un peu » coincée » pour en parler en famille . J’ai peur de ne pas trouver les mots pour en parler avec ceux qui ne sont pas Z , peur qu’ils comprennent HP , donc plus intelligents qu’eux .et je pense que d’en parler aiderait un de mes 2 enfants Z qui s’enferme dans son malaise . Avez vous des conseils à me donner sur ce 1er point ?
Et d’autre part ,comment aider cet enfant ( 19 ans déjà) qui est très secret , tres introverti , parle difficilement de lui ?
Quand j’aborde le sujet , il élude , il fuit , je sais qu’il souffre , c’est tres frustrant pour moi qui ne demande qu’à l’aider .
Merci de vos conseils si vous avez qqes minutes !!!
Bonjour ! C’est tellement difficile d’en parler effectivement… Je trouve qu’en partant d’un dessin, une illustration, sans texte un peu lourd, ça peut permettre de lancer la conversation « tiens, je me retrouve dans cette situation », etc.
oui je vais y réfléchir , merci !
et bravo pour votre blog !!!
Tout d’abord merci pour ce blog, ces livres que je dévore…
Aujourd’hui, je me suis dit VICTOIRE: j’ai récupéré mon fils au centre de loisirs et on m’a dit qu’il a été super sage. Je me suis dis chouette, je le félicite. Je lui dis: « ben tu vois c’est pas chouette d’ avoir des retours comme ça ». Il me repond: « ben moi je préfère quand je suis agité parce que c’est plus amusant »…. Et là, à 5h du mat ça me trotte dans la tête, je pleure parce que je me dis qu’il s’adapte pour nous faire plaisir, faire plaisir aux animatrices, être aimé mais il a du contenir son amusement…
Alors on lui dit qu’on l’accepte tel qu’il est mais en même temps on lui demande toujours de faire des efforts (je commence à détester ce mot effort dont j’ai regardé la signification « force pour vaincre une résistance »).
Alors je me pose la question si je l’accepte vraiment, jusqu’à quel point on accepte, quelle limite on pose ou pas pour qu’il puisse s’épanouir mais à la fois qu’il s’adapte à minima pour être intégré…
Je veux tellement le meilleur pour lui mais suis je à la hauteur…
Oui oui, je crois que vous êtes largement à la hauteur, vous voulez qu’il s’accepte lui-même tel qu’il est et qu’il soit aussi intégré donc il s’adapte un petit peu. Ce n’est pas incompatible, ça peut cohabiter, et petit à petit vous trouverez ensemble le bon équilibre entre « vrai self » et « faux self » 🙂
Merci beaucoup pour vos livres qui nous ont beaucoup aidés.
Je suis une maman de 3 petits garçons zèbres, de 4, 6 et 9 ans diagnostiqués chez le neuropsy en 2021 et 2022 (tous en même temps, sinon ce n’est pas drôle :)). Chacun a un profil différent : homogène ou hétérogène. Chacun a des difficultés attentionnelles, mais non étiquetées TDAH. Heureusement pour nous, les petits garçons HPI se font très vite repérer à l’école, contrairement aux petites filles. Mon mari est très certainement zèbre, mais sa famille a toujours refusé de consulter ou d’en parler, et puis il a finalement réussi à s’adapter pendant son adolescence sans aide extérieure. Ma famille accepte que j’en parle, mais les méthodes d’autrefois sont tenace : un enfant doit se taire et obéir. Ca devient donc difficile pour les grands-parents de garder leurs petits-enfants. Je rase toujours les murs à l’école, car j’ai toujours peur qu’on m’annonce un nouveau problème avec un de mes garçons. Ils sont bougeons et ils ont bon fond, mais ils sont souvent mal compris. Pour moi, qui avait des facilités en classe mais qui était très scolaire, chaque remarque me prend aux tripes. Nous ne sommes pas pour les écoles pour HPI autant que possible : la vie professionnelle serait trop violente pour eux (quel est votre avis ?). Nous ne sommes pas pour les sauts de classe, car ils sont immatures, ils ont des décalages notamment émotionnels et ils ont besoin de leurs copains. Nos enfants font des rééducations psychomot et neuropsy. Ca les aide vraiment. C’est très contraignant dans nos plannings déjà très chargés. Nous ne savons pas si tout ce qu’on met en place portera un jour ses fruits, mais nous faisons de notre mieux. Nous avons tous des défis à relever avec nos enfants (après tout, ça pourrait être un diabète, ou des problèmes ORL, autre…). C’est épuisant d’être parents et ça fait du bien de le dire.
J’ai expliqué à mes 3 garçons leur « zébritude » grâce à vos dessins. J’ai diffusé votre premier livre aux grands-mères et à la maitresse de CP. Votre 2ème livre m’a aidée à me sentir moins seule. J’ai rencontré aussi des mamans de zèbres et j’ai parlé avec des zèbres devenus adultes. Ca m’a aidée à relativiser. Tant que j’ai des solutions pour alléger le quotidien et générer chez eux des prises de conscience, tout va bien.
Au plaisir de vous lire prochainement…
Merci beaucoup pour ce témoignage, et je suis ravie que les livres aient pu vous aider ! Vous faites énormément de choses pour les accompagner au quotidien, ils ont de la chance de vous avoir 🙂 Tout ce que vous mettez en place portera forcément ses fruits. Est-ce que cela sera suffisant? On ne peut pas le savoir, mais ça leur donne un bagage énorme pour faire face ensuite à tout ce qui se présentera à eux. En ce qui concerne les écoles pour HPI… Je suis mitigée. Je pense que ça dépend vraiment de l’école, des enseignants, de la direction, de comment on s’occupe d’eux. Si on leur apprend à utiliser leurs ressources et potentiel pour s’adapter dans le monde de façon générale, je suis pour. Mais s’il s’agit simplement de grouper des élèves au profil similaire pour apprendre plus vite, je suis d’accord avec vous concernant la sortie et la vie professionnelle trop violente. Je vous souhaite bon courage pour ce quotidien chargé de rendez-vous (et de charge mentale…), et au plaisir d’avoir de vos nouvelles 🙂
Chloé