Dans cet article, on s’intéresse au pourquoi du comment de l’intelligence émotionnelle (IE). Comment, et pourquoi, développer son intelligence émotionnelle. Parfois, certains utilisent les termes de Haut Potentiel Émotionnel pour décrire l’IE. Si ces notions sont floues pour vous, n’hésitez pas à consulter les articles détaillés et illustrés du blog à ce sujet avant de lire celui-ci.
On sait que l’intelligence émotionnelle est une capacité qui n’est pas figée (contrairement au haut potentiel intellectuel et au QI qui évolue assez peu au cours de la vie). Elle se développe au fil du temps, et des expériences. Mais pourquoi chercher à accroître son intelligence émotionnelle ? Et surtout, comment faire ?
Qu’est-ce qu’une émotion, et à quoi elle sert ?
Tout d’abord, puisqu’on parle d’intelligence émotionnelle, parlons… émotion.
Le mot “émotion” est construit sur le latin “emovere”, conjugaison de ex (hors de) et movere (mouvement). L’émotion, c’est ce qui fait réagir. Ce qui met en mouvement. En fait, l’émotion, c’est comme un petit messager.
Elle vient signaler au cerveau qu’un besoin nécessite d’être traité, et satisfait.
Sa mission, c’est d’apporter l’information au cerveau, afin qu’il réagisse en conséquence.
Voici une vidéo Youtube d’un vulgarisateur dont j’aime bien le travail, et qui présente très bien les émotions.
Et sa mission, ça lui tient à cœur. Alors, elle mettra tout en œuvre pour se faire entendre. Tout ce qu’elle demande, en fait, c’est de l’attention.
Si on l’ignore, elle tapera plus fort. Si on la refoule, elle s’exprimera encore plus violemment.
A force de ne pas être entendue, l’émotion peut aussi chercher une autre façon de transmettre son message.
En passant par le corps, par exemple.
Quand on l’accueille, elle transmet son message, puis s’en va. Juste comme ça.
Bon, ça paraît simple, vulgarisé comme ça, mais ce n’est pas forcément évident de savoir qu’elle est derrière la porte. Ni de lui ouvrir, de l’entendre, ou de comprendre son message. Pour plein de raisons, on peut se retrouver bloqué.e à différents endroits.
Quand l’émotion est là, il est pourtant important d’essayer de percevoir ce qui se cache derrière. De décrypter l’information qu’elle essaye de transmettre.
Plus on avance dans la vie, et plus on arrive à identifier et comprendre l’émotion afin de répondre au besoin qu’elle défend.
C’est lié au fait qu’on développe notre intelligence émotionnelle. Et c’est quelque chose qu’on peut initier.
Pourquoi développer son intelligence émotionnelle ?
Mais à quoi ça sert, vraiment, de reconnaître les émotions, ou de comprendre leur langage ? Qu’est-ce qu’on risque, si on n’arrive pas à identifier et satisfaire les besoins cachés derrière ces émotions ?
Je me base sur les écrits de Daniel Goleman, qui a étudié et passé en revue les différentes études effectuées sur le développement de l’intelligence émotionnelle. Aux Etats-Unis ainsi que dans les pays nordiques principalement. Et plus particulièrement l’impact dans le cadre scolaire, professionnel et médico-social. Les sources sont toutes à la fin de son ouvrage.
Développer son intelligence émotionnelle permet de mieux se comprendre soi-même et de mieux comprendre ses relations avec les autres.
Mais concrètement, plus précisément ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
Intelligence émotionnelle et troubles médico sociaux
Une carence en intelligence émotionnelle peut être liée à diverses situations à risque. Ou plutôt, car j’aime voir le positif, développer son intelligence émotionnelle aide à sortir de ces situations à risque (ou douloureuses). Parmi ces situations, on peut citer selon les études la violence, la drogue, la dépression, ou les troubles du comportement alimentaires (TCA). Le fait de ne pas réussir à identifier les différents sentiments qui se présentent derrière la porte est un facteur déterminant dans ces troubles.
Il a été également prouvé que si l’on enseigne les bases de l’intelligence émotionnelle qui font défaut à ces personnes, la thérapie sera beaucoup plus efficace sur elles.
Apprendre à identifier les émotions, les besoins qu’elles traduisent, mais aussi les sensations, aide à sortir petit à petit de cette spirale infernale et de ces situations.
L’intelligence émotionnelle à l’école (et dans la vie en général)
Quelques évaluations objectives ont également été faites sur l’évolution scolaire et sociale des enfants à qui l’on donne les bases de l’IE dès les premières années, en comparaison à ceux à qui on ne les enseigne pas. Ces études révèlent un effet positif global sur le savoir-faire émotionnel et social, sur leur comportement à l’école et à l’extérieur ainsi que sur leur aptitude à apprendre.
Voici ci-dessous quelques exemples des effets bénéfiques notés chez ces enfants :
- Augmentation de la capacité à reconnaître, nommer les émotions et comprendre leurs causes.
- Reconnaissance de la différence entre les émotions et les actions.
- Meilleure tolérance à la frustration et maîtrise de la colère.
- Moins d’insultes, de conflits en classe, et augmentation de la capacité à exprimer sa colère sans en venir au conflit physique.
- Moins d’exclusions temporaires, de renvois.
- Meilleure tolérance du stress, moins de solitude et d’anxiété.
- Une meilleure capacité de concentration et d’attention.
- Meilleure aptitude à écouter les autres.
- Meilleure capacité à analyser et comprendre les relations avec les autres.
- Tendance à s’engager davantage avec les autres.
- En parallèle, le développement de l’intelligence émotionnelle de l’enfant semble améliorer ses résultats scolaires.
Pour plus de détails, je vous renvoie à l’ouvrage de Daniel Goleman, p397.
Le but d’enseigner les bases de l’intelligence émotionnelle et d’encourager ces enfants à la développer n’est pas d’éviter tout désaccord ou toute situation désagréable. Il s’agit simplement de leur donner les moyens de résoudre ces désaccords, conflits ou situations désagréables avant qu’ils dégénèrent. Cela permet de travailler sur la compréhension d’un événement et la réaction face à cet événement.
Chez les adolescents et jeunes adultes à qui l’on a enseigné les bases de l’intelligence émotionnelle, on remarque également d’autres effets.
Ils seraient moins perturbés par les pressions de leur entourage, par les exigences de l’enseignement secondaire, et succomberaient moins à la tentation de comportements dangereux. Ils seraient moins influençables, car plus facilement capables de repérer ces situations et d’affronter les pressions. De mettre à distance ce que certains semblent attendre d’eux pour se connecter à ce qu’ils souhaitent vraiment.
L’intelligence émotionnelle au travail
Dans la sphère professionnelle, l’intelligence émotionnelle est aujourd’hui de plus en plus valorisée. Et tant mieux ! Si autrefois on avait tendance à se baser davantage sur le QI ou le savoir-faire technique pour estimer qui allait exceller dans le travail (lors du recrutement par exemple), aujourd’hui on prend davantage en compte les compétences émotionnelles.
Les études et recherches effectuées sur le lien entre travail et IE ont d’ailleurs mis en lumière des aptitudes clés dans le domaine des relations humaines, qui permettraient de « réussir » dans son travail. De mieux traverser les différentes périodes de remous de la carrière, de prendre les meilleures décisions quant à son évolution, son épanouissement mais aussi celui de toute l’équipe. D’être bon dans ce qu’on fait, tout simplement.
Selon ces études, celles et ceux que les chercheurs appellent les « grands professionnels » (vous me connaissez, cette expression me gêne un peu, mais je reprends leurs termes) sont les personnes qui allient à la fois compétences intellectuelles et compétences émotionnelles.
Surtout si le poste est complexe. Plus le travail est « haut placé », plus l’intelligence émotionnelle compte. Et plus une carence en IE peut être dramatique, notamment pour les collaborateurs qui gravitent autour de la personne qui manque d’IE.
Je suis quasiment certaine qu’on a tous.te un exemple en tête. Un.e collègue qui avait grimpé les échelons grâce à ses compétences intellectuelles et son savoir-faire technique, mais qui manquait cruellement d’aptitudes émotionnelles. L’impact sur le travail collectif s’est sans doute vite fait sentir. Dans certains métiers, être bon.ne techniquement, et percuter vite, ne suffisent pas.
Le tout, c’est d’avoir conscience que l’on manque de certaines compétences émotionnelles. Parce qu’elles se travaillent. On peut les acquérir. On peut développer son intelligence émotionnelle. Alors bien évidemment, il n’est pas question de chercher à exceller dans toutes les compétences et facettes de l’intelligence émotionnelle. On passerait alors notre vie entière à les développer. Ce qui peut être passionnant mais on a sûrement autre chose à faire tout de même. Ce qui importe, finalement, c’est d’en posséder suffisamment, et en particulier celles qui sont nécessaires pour notre travail (ou de façon plus globale pour notre épanouissement personnel). Afin d’atteindre le seuil qui permet d’accéder à la réussite, au bonheur (ce que l’on qualifie comme notre épanouissement).
Intelligence ou compétence émotionnelle ?
Quand on parle d’intelligence émotionnelle, on parle généralement d’un potentiel. Avoir une intelligence émotionnelle développée ne veut pas dire qu’on a toutes les compétences émotionnelles nécessaires à la réussite de son travail, ou à son épanouissement personnel. Mais cela indique qu’on a la capacité de les acquérir. Que l’apprentissage de ces compétences sera facilité.
C’est pour cette raison que lors des entretiens de recrutement, on évalue de plus en plus le niveau d’intelligence émotionnelle. Cela nous donne une indication sur la capacité de la personne à s’adapter par la suite, et à améliorer les compétences qui lui seront utiles dans son poste.
Comment développer ses compétences émotionnelles ?
Toutes les compétences émotionnelles peuvent être cultivées grâce à une pratique adéquate.
La base de l’IE, qu’on devrait tous apprendre à l’école, et ce qu’on peut faire avec les enfants.
La base de l’intelligence émotionnelle, le b.a.-ba selon D. Goleman, ce sont les 5 facettes qu’il décrit dans son livre.
- La connaissance des émotions et la connaissance de soi.
- La « maîtrise » de soi
- La motivation
- L’empathie
- Les aptitudes humaines
Plusieurs petits exercices peuvent être effectués, avec les petits et les grands, pour acquérir ces bases. La liste ci-dessous est loin d’être exhaustive. Il s’agit majoritairement d’exemples d’exercices proposés dans divers programmes d’enseignements de l’IE, et dans lesquels vous pouvez piocher si vous le souhaitez.
Sur la connaissance des émotions et la connaissance de soi.
La base, c’est l’identification des émotions. Cela paraît évident, et pourtant. Quand on y réfléchit, on réalise qu’on ne dispose pas tous du vocabulaire nécessaire pour exprimer les émotions. Ni même pour reconnaître leurs nuances. Moi la première.
Donner un vocabulaire aux enfants (ou aux plus grands) pour les exprimer semble tout simple, et est pourtant crucial.
Il existe de plus en plus de livres jeunesse sur le sujet. Avec les plus petits, vous pouvez aussi utiliser des affiches représentant les principales émotions. Je vous en ai dessiné deux, l’une avec 6 émotions « de base » pour commencer, l’autre avec 25 émotions pour davantage de nuances ! Je vous ai intégré une petite queue de zèbre pour que l’enfant puisse montrer l’intensité avec laquelle il ressent l’émotion. Cela permet de visualiser les évolutions dans l’intensité du ressenti.
La deuxième étape de la conscience de soi, quand on arrive à identifier et nommer les émotions (ce qui est déjà énorme), c’est d’essayer de percevoir si une décision est gouvernée par la pensée, ou par l’émotion. C’est savoir reconnaître ses forces et ses faiblesses, avec un regard positif mais réaliste. Et c’est envisager toutes les conséquences de divers choix.
On peut par exemple proposer des jeux à partir d’une situation donnée, ou proposer de réaliser un mind map autour d’une décision.
Au travail, quand on a conscience de nos carences ou de ce que l’on souhaite travailler, on peut demander à des personnes de notre équipe de nous signaler ces moments où ils nous trouvent excessif.ve, rigide, etc. Peu importe nos faiblesses, quand on les repère, et qu’on les exprime, on peut demander à nos collègues de nous aider à en prendre conscience à l’instant t. Avec bienveillance hein. Mais cela peut nous permettre de travailler notre réaction. Notre maîtrise.
Sur la « maîtrise » de soi
Après avoir identifié une émotion, on essaye de creuser afin de trouver le besoin qui se cache derrière. Par exemple, quand on remarque qu’on est en colère, on se demandera quelle blessure émotionnelle provoque cette colère. C’est en essayant de comprendre le message que l’on travaillera sa réaction.
Pour travailler cet aspect, on peut par exemple demander tout simplement « comment réagir sainement face à telle émotion ? » et faire un brainstorming en énumérant les différents besoins que ces émotions peuvent traduire, et comment y répondre. De cette façon, on enrichit notre boîte à outils de réponses et réactions.
Pour aider, il existe de nombreux jeux de cartes sur les émotions et leurs besoins, comme par exemple celui d’Elodie Crepel. (Je précise que je ne suis pas payée pour en parler, et je n’ai pas de lien d’affiliation, j’aime simplement son travail alors je le partage 🙂 ) Ils peuvent servir de support pédagogique. Il y en a pour tous les goûts, tous les profils et tous les âges.
Sur l’empathie
Pour travailler sur l’empathie, on peut proposer des jeux de rôles. En faisant changer l’enfant (ou l’adulte) régulièrement de partie, il devra adopter le point de vue des autres afin de pouvoir le défendre.
Chez les petits, on peut leur apprendre à être attentif à la réaction qui se produit lorsqu’ils ressentent une émotion. Vous pouvez par exemple utiliser l’affiche avec les 6 émotions principales, la poser à plat, et lancer un dé dessus. Si le dé arrive sur la tête de zèbre « peur », on pourra demander à l’enfant d’expliquer comment il se sent lorsqu’il a peur. Il pourra ainsi réfléchir à l’émotion, à l’état dans lequel elle le met, et imaginer l’état de quelqu’un d’autre qui ressentirait la même chose.
Pour les enfants un peu plus grands, on peut leur proposer de regarder des photographies de visages humains (il y a plein d’exemples sur internet) et leur demander ce qu’ils expriment comme émotion. Qu’est-ce que l’enfant pense que la personne ressent ? Comment ça se manifeste ?
Bon à savoir pour les parents, en particulier les parents de petits atypiques :
On ne ressent pas toutes les émotions dès la naissance. Chaque émotion apparaît à un moment précis, et cela est pré-programmé. On n’est pas capable non plus d’identifier toutes les émotions dès le départ. Cela se fait progressivement.
Or en tant qu’adulte, on a souvent tendance à oublier que nos enfants n’ont pas la même maturité émotionnelle que nous. On leur prête souvent une maturité émotionnelle supérieure à celle de leur âge. Leurs réactions nous paraissent alors démesurées, ou incohérentes. Pourtant, tout est très logique. Et c’est à nous de leur apprendre, en respectant leur rythme, à reconnaître, nommer puis accueillir ces émotions !
C’est d’autant plus vrai dans le cas des enfants surdoués, qui peuvent souvent paraître plus âgés que leur âge réel au niveau du développement intellectuel. On s’attend donc parfois à ce que le développement émotionnel suive le même rythme. Ce qui n’est pas le cas. On parle même parfois de dyssynchronie, mais ça, je le décris plus longuement dans les livres Rayures et Ratures, en particulier le second tome.
Développer ses compétences émotionnelles quand on est adulte.
Il ne suffit pas de comprendre l’IE pour s’améliorer
Comme on entend de plus en plus parler d’intelligence émotionnelle, et que de nombreuses conférences sur cette thématique voient le jour en entreprise, on peut avoir l’impression que c’est facile de développer son intelligence émotionnelle lorsqu’on est adulte. Qu’il suffit d’avoir conscience de son importance, et de savoir ce que c’est.
Je vous le dis tout de suite, ce n’est pas en un article de blog, ni même à la lecture d’un livre ou à la participation à un séminaire organisé dans son entreprise qu’on réussira à le faire.
Parce qu’il ne suffit pas de comprendre, il faut pouvoir appliquer. Il ne suffit pas de savoir comment faire, il faut réussir à faire. Développer son intelligence émotionnelle, c’est transformer des schémas de pensée et des réactions qui sont automatiques. Ces schémas et réactions sont ancrés depuis très longtemps dans notre cerveau. Pour les transformer, il ne suffit pas de lire ou d’avoir une information sur le nouveau schéma qu’on souhaite instaurer. Il faut d’abord désapprendre, déprogrammer, pour ensuite reprogrammer avec une habitude plus efficace ou plus saine.
Tout ça, ça se passe dans le cerveau. Plus on répète un schéma, plus les connexions se créent. On trace le chemin. Quand on passe souvent par un même endroit, on finit par se dire que ça pourrait être intéressant d’installer une voie rapide. Mais construire une voie rapide, ça prend du temps. Par conséquent, quand on veut changer un comportement, il faut le répéter souvent. Tracer le chemin, afin qu’il soit d’abord balisé, puis peut-être goudronné, et qu’au fil du temps on ne le loupe plus jamais. Pour qu’il se transforme en voie rapide.
Remplacer nos réactions requiert donc une pratique intensive. Il ne suffit pas de savoir. Il faut que le circuit neural de l’ancienne habitude finisse par s’atrophier. Et qu’on construise la nouvelle voie. C’est ce qu’on appelle la refonte des circuits d’une compétence émotionnelle.
L’importance de la pratique dans les formations sur l’IE
Daniel Goleman, dans son livre, met en garde contre les formations ou programmes qui effleurent l’IE sans réellement permettre de la développer. Quel type de programme permet d’améliorer ses compétences émotionnelles ? Que faut-il savoir quand on construit un tel programme ? Que faut-il savoir quand on participe à ces formations pour développer son intelligence émotionnelle ? A quoi s’attendre ?
Pour lui, il est crucial que la formation soit concrète et pratique. Le mot à retenir, comme on l’a vu juste avant, c’est vraiment la pratique.
Il existe de nombreuses formations en ligne, par exemple. Elles peuvent permettre de connaître ou repérer les différentes émotions, elles peuvent apporter une base, mais il faudra creuser ensuite. Elles ne seront jamais suffisantes.
De la même manière, les exercices présentés plus haut, comme les jeux de rôle, sont d’excellents exercices d’initiation. Mais ils ne suffisent pas. Pour vraiment développer ses compétences émotionnelles, il faut que ces exercices soient suivis de séances d’explications, de commentaires, de soutien psychologique, et d’une solide pratique sur la durée.
Un programme qui convient à tout le monde… ne convient à personne.
Daniel Goleman a recensé 25 compétences émotionnelles. Doit-on toutes les acquérir pour être heureux.se dans la vie ? Non, fort heureusement ! Est-ce que les formations pour développer son IE doivent s’attarder sur chacune de ces compétences ? Non plus.
Chacun doit avoir ses propres objectifs de développement. Un programme complet doit pouvoir permettre aux participants de pratiquer les compétences qu’ils souhaitent acquérir ou améliorer, à travers des mises en situation bien précises.
Ainsi, avant de vous inscrire à un programme, n’hésitez pas à parcourir la liste des compétences émotionnelles et à faire le point sur celles qui vous paraissent nécessaires pour votre poste, votre bien-être, ou toute autre raison pour laquelle vous souhaitez développer votre intelligence émotionnelle.
Un programme est efficace si la personne a au préalable identifié ses besoins, ses forces et faiblesses, et évalué sa compétence émotionnelle initiale. Cela permettra de percevoir les bénéfices concrets, et de garder la motivation sur la durée. Oui, parce que changer des schémas et habitudes très ancrés, ce n’est pas toujours évident. Ce n’est pas toujours agréable non plus. On passe par des moments pénibles. Et on peut être tenté de lâcher.
(Je résume, mais si le sujet vous intéresse, si vous souhaitez créer ou participer à ce type de formations, vous trouverez plein de ressources et informations dans le livre de Goleman)
Quelques exemples d’exercices d’initiation (importants mais pas suffisants)
J’ai été amenée à diverses occasions à travailler sur certaines compétences émotionnelles.
Lors d’un programme de gestion du stress (validé scientifiquement mais dont je ne suis pas sortie franchement convaincue), un exercice m’a marquée, et me sert énormément au quotidien. Le seul peut-être de tout ce programme, et rien que pour ça je ne regrette pas de l’avoir fait !
Cet exercice qui paraît tout bête, c’était de repérer les situations quotidiennes qui m’agaçaient. Essayer de remarquer non pas les grosses colères, mais les petites choses qui abîment mon quotidien. Repérer l’émotion, l’état dans lequel ça me mettait, et essayer de déceler l’élément déclencheur. Eh bien, rien que ça, c’est compliqué. Parce qu’on est souvent en pilote automatique. Pendant une semaine, j’ai essayé de repérer les schémas qui se répétaient, et qui me rendaient malheureuse, ou agacée. Au début, on ne change pas la réaction. On repère seulement.
Puis petit à petit, on prend conscience de l’élément déclencheur. On s’entraîne à réagir différemment. Plusieurs fois. On essaye de l’intégrer. On le répète mentalement tout au long de la journée. Et sur la durée, éventuellement, la nouvelle réaction devient de plus en plus automatique. Il m’a fallu plusieurs mois pour changer une habitude qui ne me faisait pas de bien. Aujourd’hui encore, je fais cet exercice régulièrement pour repérer les schémas dont je n’ai pas toujours conscience mais qui gâchent mes journées.
Lors d’une hospitalisation, dans un contexte totalement différent, j’ai été amenée cette fois à faire des jeux de rôle. Lors de ces séances, on nous met face à des situations dont on sait qu’elles sont déstabilisantes pour nous. On observe notre réaction initiale. Puis on essaye de nouvelles stratégies de réponse. On regarde celles des autres, aussi, on en discute ensemble, on s’entraîne à réagir différemment. On prend du recul, et petit à petit on intègre de nouvelles possibilités de réactions face à ces situations qui nous paraissent alors de moins en moins déstabilisantes.
Une conclusion sur l’IE ?
L’intelligence émotionnelle et les compétences émotionnelles sont un sujet que je trouve fascinant et passionnant. Qu’on ne peut clairement pas résumer en un ou deux articles de blog. Ni même en un livre de 924 pages. J’ai conscience que c’est un peu décousu, un peu complexe, un peu fouilli.
On s’enrichit toute la vie.
Changer des schémas très ancrés, ça demande du temps, et de la pratique. Beaucoup de pratique. Tout le monde n’aura pas l’envie ou les moyens psychologiques de le faire.
Mais si on peut simplement acquérir les bases de l’IE, et les enseigner aux plus jeunes, je crois que c’est déjà beaucoup ! S’y initier avec quelques exercices cités, c’est un excellent début.
Si vous avez des retours d’expérience, des exemples d’exercices pour développer son intelligence émotionnelle, je serais ravie de les lire et de les partager aux lecteurs, n’hésitez pas à les écrire en commentaire !
Et je vous dis à très bientôt pour une série d’articles sur un autre sujet : les troubles dys et la double exceptionnalité !
Si cet article vous a plu, si vous appréciez la lecture sans encart publicitaire ou affiliations sur le blog, ou si vous aimez tout simplement mon travail, n’hésitez pas à le soutenir en partageant les articles, les illustrations sur les réseaux, en parlant des livres, ou en commandant des petites choses sur la boutique ! Ça m’aide énormément, et j’y ai ajouté de jolies petites cartes et même des affiches à télécharger pour décorer vos cabinets de thérapie, pour servir de support pédagogique, ou pour faire passer des petits messages à vos proches ou collègues tout en douceur !
6 Comments
Merci Chloé pour cet article très éclairant et magnifiquement illustré, comme toujours !
Parfois j’ai l’impression que l’IE se confond avec les aptitudes sociales. Est-ce une erreur ou les 2 sont-elles effectivement liées ?
Merci encore pour ton travail et le partage de tes recherches !
Merci pour ce retour 🙂 C’est l’impression que j’ai eue également à la lecture du livre, que l’IE donnerait « tout ce qu’il faut » pour interagir et s’épanouir en société 🙂 Je me trompe peut-être mais c’est l’interprétation que j’ai faite !
Merci pour cet article. Des études ont montré que les HPI identifient bien l’émotion des autres par rapport aux non HPI. Par contre, au contraire, ils ont du mal à identifier leurs propres émotions. Pour cela, une application peut aider : Dr Mood. Elle a été construite par des personnes réalisant des recherches (université,..)
Cela peut être utile pour les personnes hypersensibles quand les émotions sont trop fortes, tellement fortes qu’il est compliqué de les identifier.
Bonjour Chloé,
Merci encore une fois pour cet article très éclairant. Vous avez vraiment une jolie plume, vous vous exprimez avec clarté et subtilité, c’est vraiment très agréable, je partage d’ailleurs régulièrement votre blog. Concernant les exercices de pratiques à l’IE, ça me fait du coup penser à ce qu’on peut faire en TCC 🙂
Merci pour votre site, articles et illustrations.
J’y trouve des réponses et cela m’aide beaucoup pour comprendre/me comprendre et être rassurée aussi !
Merci beaucoup ça m’encourage énormément 🙂